Le voilà donc, le fameux rapport Tessier, sur lequel le ministre de la Culture entend s'appuyer dans sa nouvelle approche des relations à tisser entre Google et la France.
Rappelons que dans le cadre du Grand Emprunt, 750 millions € ont été attribués à la numérisation. D'après le rapport Tessier, aujourd'hui Gallica, qui s'en prend tout de même plein les dents, propose un accès à 950.000 documents, répartis en 145.000 livres, 650.000 fascicules de périodiques et 115.000 images. En comparaison, les 10 millions d'ouvrages numérisés avancés par Google Books semblent en effet bien loin...
Mais dans son rapport, Marc Tessier ne propose pas de renoncer à ce que représente en terme de base de données, Gallica. De fait, la bibliothèque française s'inscrit dans le cadre de ces trois pistes d'action déterminées.
Primo, il va falloir remodeler et refaçonner Gallica, dans « son pilotage et ses fonctionnalités ». Aujourd'hui peu consultée et manquant d'un moteur de recherche efficient, il faut arriver à démocratiser plus largement Gallica - mais également la rebaptiser. Pourtant, Gallica fait preuve « d'un savoir-faire reconnu en matière de numérisation de masse » : autant donc se servir de ses compétences.
Deuxio, quant à un accord avec Google, le rapport ne l'exclut pas, mais estime qu'il ne faut ni exclusivité, ni céder la propriété des fichiers numériques, lesquels doivent demeurer la propriété de la BnF. On parle alors d'une « autre forme de partenariat, fondé sur l'échange équilibré de fichiers numérisés, sans clause d'exclusivité ».
Et d'ajouter qu'il pourrait alors « viser, non pas à faire prendre en charge l'effort de numérisation, mais à le partager, en échangeant des fichiers de qualité équivalente et de formats compatibles ». Dès lors, le référencement des fichiers sur Google Livres, ainsi que leur présence sur la plateforme française donnerait plus de visibilité.
Tertio, Europeana doit être mise en avant, et prendre un nouveau souffle. Aujourd'hui réduite à un « portail de consultation », disposant d'à peine 40.000 titres, tout cela n'est pas suffisant.
Reste que pour mettre tout cela en place, le rapport Tessier estime nécessaire de créer « une entité coopérative réunissant les bibliothèques publiques patrimoniales et les éditeurs ». Cette dernière aurait pour fonction d'accompagner les éditeurs dans le numérique, et présenterait aux internautes une plateforme unique pour accéder aux ouvrages numérisés. Charge aux éditeurs d'y placer leurs fichiers, et de déterminer l'indexation ainsi que la possibilité pour le public de les consulter. L'exploitation commerciale restera entre leurs mains.
On peut consulter l'intégralité du rapport à cette adresse.