C’est un des plus important enjeux de ce XXIème siècle : alors que 1/6ème de la population souffre déjà de malnutrition, nous allons passer encore de 6,7 milliards d’être humains actuellement à plus de 9 milliards en 2050, et tout cela dans un contexte environnemental et énergétique contraint. L’agriculture doit ainsi effectuer une mutation rapide et radicale pour subvenir aux besoins des plus démunis tout en préservant la biodiversité et le climat. Une vaste programme qui doit passer par une refonte économique complète et un consommation équitable et raisonnée.
Le constat accablant de l’agriculture : famine, effet de serre, perte de la biodiversité et pollution des sols
Presque 1 milliard de personnes souffre actuellement de malnutrition
Le constat donné par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) est alarmant : presque un milliard de personnes souffre à présent de malnutrition, 100 millions de plus sont apparus à la suite de la crise de 2008-2009. Plus du quart des enfants de moins de 5 ans des pays en développement est actuellement mal nourri.
Les émeutes de la faim de 2008 ont été éclipsées par la crise financière mondiale, mais constituent pourtant un problème bien plus crucial : celui de la survie des plus démunis dans un système économique libéral.
L’agriculture est responsable de 20% des émissions de gaz à effet de serre mondiales
En plus de l’utilisation de machines agricoles qui rejettent du dioxyde de carbone (CO2), l’agriculture contribue à la déforestation pour obtenir des zones exploitables. De ce fait, elle rejette des stocks de carbone contenus dans les forêts tropicales et les prairies principalement. De plus, elle utilise des engrais azotés qui, lorsqu’ils sont épandus, rejettent du protoxyde d’azote (N20). Enfin, les bovins rejettent du méthane (CH4) du fait de leur digestion et, notre consommation de viande ayant été multiplié par 5 en 200 ans, les émissions résultant de CH4 ont fortement augmenté.
L’agriculture détruit la biodiversité
Pour se nourrir, les populations ont deux choix : augmenter les rendements ou exploiter de nouvelles terres. Sachant que 40% des terres de la planète sont déjà exploitées par l’homme pour l’agriculture, la mise en exploitation de nouvelles parcelles se fait à présent au détriment d’écosystèmes naturels plus matures ou de terres moins fertiles. Les principaux domaines bénéficiaires sont les palmiers à huile et le bétail.
De plus, 75% de la diversité des espèces végétales cultivées et des variétés ont disparu des champs au XXe siècle ; 90% de la production agricole se concentre aujourd’hui sur 30 espèces végétales et 14 espèces animales, une menace pour la sécurité alimentaire.
L’agriculture est trop gourmande en eau et en énergie
Notre régime de plus en plus carné demande de plus en plus de ressource énergétique pour un même apport en protéine. Par exemple, il faut 500 l d’eau pour produire 1 kg de pommes de terre, mais il en faut 20.000 à 100.000 pour produire 1 kg de boeuf à partir de fourrages irrigués (il faut environ 50 kg de fourrages/céréales pour faire un kg de viande de boeuf avec os).
De plus, l’agriculture va devoir faire face à des restrictions en eau du fait du changement climatique. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a ainsi affirmé qu’« il ne peut y avoir de sécurité alimentaire sans sécurité climatique. Si les glaciers de l’Himalaya fondent, cela affectera les moyens d’existence et la survie de 300 millions de personnes en Chine et jusqu’à un milliard de personnes à travers l’Asie. Les petits paysans africains, qui produisent la majeure partie des denrées alimentaires du Continent et qui dépendent principalement de la pluie, pourraient également voir leurs récoltes baisser de moitié d’ici à 2020 ».
L’agriculture utilise des intrants qui polluent les sols
A la suite de la Révolution Verte des années 60, l’agriculture s’est mise à utiliser beaucoup de phytosanitaires, d’engrais minéraux et on retrouve ainsi ces résidus chimiques dans nos assiettes, dans les eaux, sur les plages envahies par les algues… Ces méthodes qui visaient à l’augmentation des rendements ne sont donc pas viables sur le long terme.
Ce constat risque de plus de s’accentuer : le PNUD estime ainsi que la population mondiale va grimper de 6,7 milliards d’humains actuellement à plus de 9 milliards en 2050 ! La vraie question qui se pose alors est : peut-on obtenir une agriculture intensive mais écologique, et distribuée de manière plus équitable?
L’avis Sequovia : Quelques pistes pour réaliser un tel miracle ?
Aujourd’hui, la recherche exploite diverses voies : lutte génétique par la sélection des plantes les plus résistantes, des croisements (dont les fameux OGM) et changement de pratiques agricoles par le labour et la rotation des cultures notamment. Si la première solution pose un problème de diversité des cultures, la deuxième est sérieusement envisagée : la voie empruntée par l’agriculture biologique montre qu’une diminution importante de l’utilisation des pesticides est possible aujourd’hui. Les solutions existeraient aujourd’hui pour de nombreuses cultures mais ne sont malheureusement que trop rarement mises en œuvre.
Enfin, si on peut changer les pratiques agricoles, on peut aussi changer nos modèles de consommation et d’économie agricole : la libéralisation des échanges a abouti à une répartition inéquitable des ressources disponibles (les pays pauvres exportant leurs productions pour nourrir les pays développés qui ont délaissé l’agriculture au profit d’activités tertiaires), elle est aussi source de gaspillage en eau et en énergie et entraine paradoxalement une surconsommation des pays riches (le nombre de personnes en surpoids pourrait ainsi atteindre 3 milliards en 2050 suivant un rapport « Agrimonde » du Cirad et l’INRA). Il faudrait donc revenir à une consommation raisonnée, locale et adaptée à chacun et à sa région. Des aides doivent aussi être déployées pour aider les pays pauvres à diversifier et moderniser leur agriculture, et à subvenir à leurs besoins.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 23 avril à 17:41
Avez-vous entendu parler de la quadrature du cercle ?