« J’veux du soleil » disait Au petit bonheur, eh bien il est parti le rejoindre, le soleil, Mano. Une chaleur qui doit aujourd’hui le réchauffer après toutes ses années de combat. Manu Solo nous a quittés le 10 janvier 2010 suite à plusieurs anévrismes à 46 ans.
Mano tout seul ?
Il a toujours été révolutionnaire dans l’âme. Fils de Cabut et d’une mère écologiste militante, c’était un homme révolté qui était contre l’outil du net pour valoriser les albums. En désaccord total avec les maisons de disques, il décide de lancer la production de son album avec le soutien financier des internautes. Très rapidement il dénoncera l’auto-production comme impossible : « On ne peut pas se passer des majors ». Il avait horreur qu’on le compare à des noms comme Brel ou Ferré. Il ne jurait que par les styles musicaux vivants. Ses dix albums sont empreints de force et de rage. La plupart de ses opus ont été vendus au point d’être disque d’or.
Le bateau est parti
Le rouge, le jaune sont ses couleurs. Rouge feu et jaune de communication, il se sentait investi d’une mission quand il écrivait sur son site internet : « Faites votre révolution » par la création. Nous avons tous en nous un don, il suffirait d’en prendre conscience. Par ailleurs, son dernier album tout en nuance était aussi dans cette veine. Où il se place lui avec se frustration et ses désirs, ses rêves et ce que les gens vivent comme normal sans se rendre compte d’un bonheur qu’ils construisent avec « Rentrer au Port ».
Manu chantait toujours la vie sur son dernier opus « J’ai jamais cru en l’enfer ; et puis la vie est un cadeau » avec une voix tremblante. Il raconte l’amour avec « Chaque matin » ou « Ça scintille ». Il parle de lui, de ses douleurs, de ses moments difficiles avec « Tu m’as vu ». Puis raconte que maintenant ça va mieux. Il se sent libre en paix avec lui. Il dénonce toujours « ça moisie de na pas sourire » toujours dans ce halo de bien être universel plus fort que tout.
Poésie crue au son calme
Chaque piste est bouleversante de tendresse où l’œil humide observe et dessine avec les mots ou avec la voix un monde qui le touche personnellement. Profondément intimiste, Rentrer au Port est un album où l’accordéon accompagne Manu tantôt mélancolique, parfois âpre. Dans un ensemble très doux et calme aux valses jazzy qui s’invitent naturellement.