Un politique hors-norme : Son patriotisme a été exacerbé par son histoire personnelle. Né le 21 avril 1943 à Tunis, Philippe Séguin ne connaîtra jamais son père. Combattant de l’armée d’Afrique, Robert Séguin est en effet tué par les Allemands dans le Doubs le 7 septembre 1943. Dans un cahier relié vert consacré à la mémoire de son mari, sa mère Denyse a laissé quelques mots à son « petit Philippe » : « Voilà, mon fils, la fin de ton papa. Suis son exemple de bravoure. Sois à son exemple brave, courageux, bon, honnête. Je te laisse ses notes et toutes nos lettres. Voilà ton héritage. » Le 11 novembre 1949, à Tunis, le jeune Philippe Séguin a six ans lorsqu’il reçoit, au nom de son père, la croix de guerre et la médaille militaire. Toute sa vie, il semblera logique à Philippe Séguin de refuser la Légion d’honneur, qui n’avait pas été accordée à celui qui était mort pour la libération de la France. Un premier exemple d’honneur et d’exemplarité de celui qui la méritait bien plus que d’autre celle légion d’Honneur pour ses différents engagements et son action au service de l’Etat.
C’est aussi un des rares hommes politiques qui a choisi de faire passer ses idées avant ses intérêts. Si tous les politiques pouvaient suivre son exemple !!!
A l’Assemblée Nationale il a su être indépendant. A la cour des comptes il a su donner ses lettres de noblesses et faire des rapports sans complaisance. Il nous laisse bien seuls dans ce monde plein de chaos.
Même retiré de la vie politique, de part ses fonctions à la cour des comptes, il a su garder son franc parler…
ou dans cette interview…
Sa dernière interview…
François Fillon a été très ému de cette disparition :
Dans tous les articles écrit suite à son décès, je retiens ces lignes qui le représentent bien tel qu’il était :
« Quand l’ai-je vu heureux ? La première fois, c’était en 1992 : il menait croisade contre le traité de Maastricht. Lui, le solitaire, découvrait le bonheur d’être aimé des foules. La seconde fois, c’était en 1993 : il venait d’être élu président de l’Assemblée nationale. Après avoir évoqué la mémoire de son père, tombé en 1944 au combat avec son régiment de tirailleurs tunisiens, Séguin s’était offert le plaisir de signifier au Premier ministre Balladur, assis à ses pieds, que c’en était fini des « prérogatives excessives du gouvernement » et qu’il allait falloir compter avec le Parlement. Un large sourire éclairait sa face. Mais, revenu dans son bureau de l’Hôtel de Lassay, il se campait devant l’immense tableau qu’il avait fait accrocher au mur : représentant Bonaparte, retour d’Egypte. «Bonaparte avait 30 ans, soupirait-il. Bientôt Premier Consul, il allait tout réformer..» Et lui, à 50 ans, qu’avait-il fait ? Il ne restait que deux ans avant la présidentielle … » (Christine Clerc dans Marianne)
Deux amis, Paul Aurelli et Jean-Noel Amadei ont signé une magnifique tribune-hommage dans Renaissance « La lettre du Gaullisme » :
« Aurait-il laissé fuser son rire proverbial ? Aurait-il au contraire éclaté dans une des colères dont il avait le secret ? On ne le saurait jamais, mais on peut à coup sur estimer que le déferlement d’hommages qui lui sont rendus depuis l’annonce de son décès n’aurait pas laissé Philippe Seguin insensible.
De tous côtés de l’échiquier politique l’unanimité a ce parfum étrange que nous ne commenterons pas mais dans lequel nous préférons sentir ce qu’Henri Gaino espère déceler : « une grande leçon de politique et de morale ».
L’histoire jugera cette leçon à sa juste valeur, mais nous sommes de ceux qui pensent que la voix de Philippe Seguin a occupé dans la vie politique des dernières décennies une place incomparable, la marque d’un homme de convictions, d’un homme libre, d’un véritable homme politique, d’un homme d’Etat, ce qui n’est pas rien à l’heure où tant confondent politique et communication. Cette voix à laquelle nous sommes attachés parce qu’elle exprimait mieux que beaucoup la voix du gaullisme social, la voix de Philippe Seguin, c’était celle de Louis Vallon, de René Capitant, de Jean Mattéolli, de Léo Hamon. Il vient de les rejoindre.
Nous avons partagé beaucoup de ses combats, de l’aventure des « rénovateurs » à la campagne pour la mairie de Paris. Nous étions à ses côtés dans l’élection présidentielle de 95, et les milliers de jeunes qui alors s’étaient rassemblés autour de lui dans le « RAP » ne s’y trompaient pas qui voyaient en lui un visionnaire du changement de notre société. Certains d’entre eux occupent aujourd’hui des postes de responsabilités politiques, puissent-ils rester dignes de son exemple.
Sa voix s’est éteinte. Pour autant les mêmes discours restent actuels, de la lutte contre la pensée unique à la dénonciation de la fracture sociale, en passant par le refus du Munich social et la place de la France dans le monde. Qui oserait prétendre que ces thèmes sont aujourd’hui dépassés ? Dans une société chaque jour plus individualiste, dans une économie dominée par la puissance financière, dans un monde qui voit monter de nouvelles grandes puissances, qui nierait qu’il faut plus de fraternité, que l’Etat doit plus jouer son rôle, que la France doit reprendre sa place ? C’est cela que disait Philippe Seguin, ce discours ne doit pas s’éteindre avec lui.
Rendons lui hommage, le grand homme qu’il était le mérite amplement.
Mais le plus bel hommage que l’on puisse lui rendre c’est de faire en sorte que sa voix ne s’éteigne pas. Tous ceux qui partagent ses idées le lui doivent. Ce gaullisme social qu’il incarnait dans l’esprit des Français, il faut qu’il continue à s’exprimer, plus que jamais; il faut que sa leçon soit enfin entendue.
Alors, et alors seulement, l’hommage sera réel, alors nous pourrons dignement lui dire « au revoir Philippe », et surtout « merci Philippe ».
Le gaullisme social, qui semble aujourd’hui perdu et dissout dans l’UMP sera t’il présent et unifié demain ? Espérons que l’appel sera entendu.
Discours de Nicolas Sarkozy aux obsèques de Philippe Séguin
Discours de Nicolas Sarkozy aux Obsèques de Philippe Séguin
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