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Denis Broliquier prend manifestement date pour les municipales 2014 en dressant un réquisitoire nuancé contre des choix majeurs de gestion de l'actuel Maire de Lyon et en affirmant surtout une dimension humaine comme critère de bonne gestion.
Denis Broliquier, Maire du 2ème arrondissement de Lyon, s'impose progressivement comme le challenger le plus performant contre l'actuel Maire de Lyon.
Très pragmatique, partisan de la concertation, ce Maire qui a connu une brillante réélection en mars 2008 a livré une analyse très détaillée des choix budgétaires 2010 en insistant notamment sur les points suivants :
" L'étude du budget est le débat le plus approprié pour étudier l'attitude de l'Opposition face à la Majorité. C'est une sorte d'exercice de style au cours duquel, la Majorité démontre le cercle vertueux de ses orientations budgétaires tandis que l'Opposition dénonce point par point ce à quoi elle s'oppose.
A l'issue de ce débat, le Groupe Ensemble Pour Lyon, auquel j'appartiens, votera contre ce budget.
Pour autant, cela ne signifie pas que nous rejetions en bloc toutes les priorités définies par le budget 2010 que vous nous proposez aujourd'hui.
Le choix, par exemple, d'un investissement ambitieux compte tenu de la crise, nous paraît nécessaire pour soutenir l'activité. Même si certains choix d'investissement mériteraient réflexion, notamment sur le thème du partenariat public-privé, comme pour les crèches.
Autre orientation budgétaire qui nous semble aller dans le bon sens : la volonté affichée de tenter de limiter (enfin, dirais-je !) les dépenses de la Ville.
Nous le reconnaissons bien volontiers car vous savez que nous ne sommes pas dans l'opposition systématique. Nous affirmons parfois une opposition marquée, comme sur la démarche menée sur l'Hôtel-Dieu par exemple, mais nous avons eu l'occasion de le montrer à bien des reprises en votant, ici dans cet hémicycle comme au Grand Lyon, de nombreux dossiers structurants pour la Ville.
Mais une part des Lyonnais nous a confié la mission de dire ce qui ne va pas, ce qui n'est pas bon pour la Ville et pour les Lyonnais.
Et dans ce budget, je ne retiendrais qu'une idée : le vrai problème, c'est le fonctionnement.
Le fonctionnement, je le rappelle, c'est près de 60 % du budget de la Ville dont 58 % en charge de Personnel et assimilé. La masse salariale de la Ville de Lyon est extrêmement importante : c'est plus de 300 M€ ! Il y a à la Ville plus de 11 000 agents permanents et non permanents. Et les frais de personnel ont augmenté depuis 2001 en proportion de notre budget de + 5 %.
Par la force des choses, vous vous êtes enfin aperçu que ce n'était pas tenable financièrement. D'où le Plan Emeraude. Un plan social qui arrive dans un climat de grande morosité chez le personnel de la Ville de Lyon. Cela se sent à tous les niveaux de la hiérarchie. En voici quelques illustrations :
- démotivation forte des Cadres dirigeants : il suffit d'écouter les échos venus de toute part et de tous les services, de regarder la valse des agents et les postes vacants sur l'organigramme actuel, sans parler des futurs départs annoncés ;
- création du secrétariat à l'organisation dont on ne comprend toujours pas la nécessité ;
- taux d'activité de l'UCS : de l'aveu même de M. Touraine, à peine 40 % des effectifs engagés sont sur le terrain ;
- Lyon en direct, confronté à des taux d'absentéisme record…
- les ATSEM qui manquent aussi dans de nombreuses écoles.
Il faut faire des économies, nous le disons depuis des années. Pour la première fois, vous en convenez. Mais comme vous avez tardé à réagir, vous travaillez maintenant dans l'urgence. Nous pensons que votre méthode n'est pas la bonne. Le plan Emeraude nous a été présenté comme un plan ambitieux de modernisation des services de la Ville. C'est en fait un plan de sauvetage, fait à la hâte. Sous couvert de concertation expresse, vous avez demandé aux services de proposer de nouvelles organisations. Et ceux qui ont joué le jeu aujourd'hui s'en mordent les doigts. On leur a pris les postes, on ne leur a rien donné en échange. C'est là votre mode de management et nous le regrettons.
Le grand problème est qu'il n'y a pas à la Ville de véritable gestion des ressources humaines. Le personnel est géré à coup de primes individuelles, de déresponsabilisation, d'absence de projets, de superposition de strates administratives. Il n'y a pas de reconnaissance du mérite. C'est en tout cas comme cela que votre politique est perçue par la Ville. Pire, les agents de la Ville nous disent qu'ils ne sentent pas, qu'ils ne voient pas un pilote dans l'avion. Ils regrettent que vous ne preniez pas en main, personnellement, Monsieur le Maire, la direction des ressources humaines de la Ville. Ils regrettent de ne pas trouver auprès de votre Adjointe, en charge du personnel, une écoute suffisante, une volonté suffisante.
D'où un taux d'absentéisme fort. Et ce n'est pas en lâchant quelques avantages au fil des conflits sociaux qui se présentent que les choses vont s'arranger. C'est par une véritable politique de management que passeront des économies durables tout en maintenant un niveau de service public de qualité. Des profils de postes clairs et adaptés, des compétences bien exploitées, des personnels formés, de la mobilité et bien sûr, des rémunérations adaptées, voilà quelques une des clés d'une véritable politique de management pour notre Ville.
Emeraude était sensé permettre remettre tout cela à plat. Mais 140 000 euros d'étude après et des milliers d'heures de réunions plus tard, le plan Emeraude se réduit à une restructuration à peine coordonnée avec le Grand Lyon. Vous traitez le personnel comme une variable d'ajustement et non comme un gisement. La Ville de Lyon a les compétences, l'expertise, la technicité mais pour combien de temps encore avec ce type de gestion ? Ce sont des économies à court terme qui aboutiront à une baisse de la qualité du service public.
Si nous approuvons les premiers efforts d'économie entrepris, ils sont bien loin d'être suffisants et adaptés. Nous ne pouvons cautionner votre méthode de gestion de nos ressources humaines. Cette divergence de vision porte, je vous le rappelle, sur près de 60 % de nos dépenses de fonctionnement, d'où son importance."
C'est un positionnement majeur que d'aller ainsi sur le terrain de la dimension humaine des différents choix.