Il est certain que l’enjeu n’était pas le même pour les deux protagonistes. L’un est en compétition interne pour une sélection au sein de son parti dès 2012, l’autre est en course de fond pour une échéance plus lointaine, 2017 ; mais le face à face Hollande/ Copé ne manquait pas de “gueule” hier soir sur France 2 dans « Mots croisés ».
C’est un peu rassurant, en ce sens que les ambitions souvent affichées par les habituels velléitaires de la candidature en apparaissent d’un seul coup plus pâlottes. Les Valls, Peillon, j’en passe, retournent d’un seul coup à l’étage inférieur et Copé prend allègrement quelques longueurs d’avance sur tous les siens.
Bien sûr chacun a des points forts et des plus faibles. Hollande pédale un peu sur la fiscalité et s’emmêle dans des comparaisons européennes hasardeuses. Copé galère autour de sa France qui n’est pas une île …
Comme par magie nous avons, l’espace d’une heure, quitté le pipole pour entendre du sérieux et du « lourd », un vrai discours politique … enfin.
Avec certaines convergences, de très nombreuses divergences, chacun portera un jugement sur la validité des arguments échangés.
La qualité du face à face n’est pas non plus étrangère à l’animateur, le journaliste Yves Calvi, qui ne pourrit pas l’ambiance en en rabaissant le niveau. Je suis personnellement très heureux d’une telle écoute. Je ne connais pas le taux d’audience, mais il est souhaitable que nombreux soient ceux ayant fait le choix de cette soirée sur France 2.
En effet le débat politique est chose sérieuse ; il préfigure les possibilités d’avenir collectif, il rythme, dans le bon ou le mauvais sens, la vie démocratique; il consolide ou au contraire délite la valeur d’un pacte autour de la République. Hier soir la qualité était au rendez-vous, c’est assez rare pour être signalé et justifier une petite note, au demeurant peu partisane.
Il n’est en effet pas question ici d’une distribution de médailles individuelles, de décréter un vainqueur et un moins bon. C’est le collectif de l’émission et sa qualité globale qui est à saluer et fait l’objet de mon attention. D’ailleurs, comme je l’ai signalé au début de cette note, les enjeux ne sont pas tout à fait les mêmes et le calendrier présent dans la tête des “duellistes” est différent. “Je ne suis plus dans les petits rôles ou dans les personnages secondaires“, déclare François Hollande dimanche matin sur les ondes en expliquant son refus de la Cour des Comptes. “Je me prépare pour être candidat“; on a vérifié hier soir. François Hollande s’exprime souvent en direction de sa “famille”, préoccupé par sa course des « primaires ». Copé, lui, persuadé qu’il doit encore attendre, clame haut et fort son engagement derrière le président de la République en “fournisseur d’idées”. Les deux, cependant, ont su donner à cet échange la hauteur que méritent les Français et une vie publique digne. Je trouve cela réconfortant.