Il pleut.
Pas beaucoup, mais il pleut.
Petit à petit tout s’humidifie
et une odeur de terre mouillée,
âcre et envoûtante, épicée même,
emplit l’atmosphère.
Le promeneur s’arrête,
attentif à ce presque rien qui l’enivre.
La vie est faite de bonheurs simples, parfois,
qu’il ne faut pas négliger.
Sur la feuille d’un noisetier, roule une goutte,
lentement d’abord, puis plus vite.
Quand elle parvient aux bords dentelés,
on croit qu’elle va tomber,
emportée par sa vitesse.
Mais non, elle reste là, hésitante,
suspendue au bord du gouffre,
dans un instant d’éternité.
La moindre brise la ferait choir,
mais l’air est immobile,
déjà il ne pleut plus.
Alors elle demeure là,
incertaine, accrochée aux cannelures
vert tendre de la jeune feuille.
Quand revient le soleil,
elle brille sous ses rayons,
miroir féerique qui réfléchit le monde.
Le flâneur solitaire se penche
et observe, intrigué, la goutte passagère.
Microcosme magique, perle de l’univers
elle est tout à la fois rouge, verte et jaune,
et conserve comme le souvenir d’un reflet
qui ressemble au bleu des songes.
Impudique, elle laisse voir par transparence
la pureté de son être.
Là sont rassemblés toute l’énigme du monde,
les rêves évanouis et les espoirs déçus.
Dans cette goutte qui hésite à tomber
se trouve la réponse à tout questionnement.
Ephémère et belle, elle continue à vivre,
miroir de toutes ces contrées
où défilent les nuages.
En son centre, au cœur de l’onde pure
tu découvriras le joyau de toute chose
y compris ce secret jamais dévoilé
que seul connurent les dieux.
Sphère parfaite,
elle tourne sur elle-même, une dernière fois,
avant que de chuter irrémédiablement
Et de s’écraser sur le sol boueux
où elle disparaît à jamais.
A-t-elle vraiment existé ?
On pourrait en douter.
D’ailleurs qui se souviendra d’elle
si ce n’est ce promeneur solitaire,
qui s’en va d’un pas lent
vers sa propre destinée…