Diplômé en ingénierie aéronautique de l'université de Chennai en 1958, il fait un passage à la Defence Research and Development Organisation (DRDO), puis rejoint l'Organisation de recherche spatiale
indienne en 1962. Directeur de projets, il contribue de manière significative au développement du premier lanceur de satellites indien, le SLV-3, qui mettra sur orbite le satellite Rohini en
juillet 1980. En 1982 il prend la direction de la DRDO afin de développer des missiles guidés. Il met au point les missiles AGNI et PRITHVI. Par son travail, il jette les bases du développement
indien dans les hautes technologies aérospatiales.
En 1992 il est nommé conseiller scientifique du ministre de la défense. Il participe à la mise au point des essais nucléaires qui doteront l’Inde de l'arme atomique
en 1998. Il est considéré à ce titre comme le père de la bombe atomique indienne (Homi Bhabha sur lequel nous avons publié un article est considéré comme le père du programme nucléaire indien).
En réalité il est surtout le père du programme de missiles porteurs de charges nucléaires. Abdul Kalam a toujours milité pour le programme nucléaire, affirmant que "la dissuasion nucléaire
des deux côtés [Inde et Pakistan] a aidé à éviter la guerre".
De 1999 à 2001 il est conseiller scientifique auprès du gouvernement et enseigne à l'université de Chennai.
Le 18 juillet 2002 il est élu à une écrasante majorité à la présidence
de l'Union indienne par les membres des Assemblées de l’Etat et des Etats indiens.
Il a écrit plusieurs ouvrages dont une autobiographie, Wings of Fire, dans lesquels il encourage la jeunesse de son pays à faire en sorte que l'Inde devienne une superpuissance à
l'horizon 2020.
Au-delà de ses aspects scientifiques et politiques, A.P.J. Abdul Kalam est reconnu comme un grand humaniste, au grand cœur, très intéressé par la spiritualité de son
pays. Sa vie privée est très ascétique puisqu'il est pur végétarien et a fait vœu de célibat. Bien que né dans une famille musulmane, Abdul Kalam affirme lire chaque matin la Bhagavad Gita, un
livre saint de l'hindouisme. Il utilise également beaucoup de poèmes du Tamil Nadu, les kurals, lors de ses discours et a donné ses 10 premiers mois de salaire de président à l'ONG humanitaire
crée par la sainte indienne Mata Amritanandamavi (connue sous le nom d’Amma, voir article publié sur ce blog).
A.P.J. Abdul Kalam est docteur honoris causa de plusieurs universités et institutions (notamment le Madras Institute of Technology) et a reçu plusieurs
distinctions (Padma Bhushan en 1981, Padma Vibhushan en 1990, Aryabhatta Award en 1994, G.M. Modi Award for Science en 1996, H.K. Firodia Award for Excellence in Science and Technology en 1996,
la Bhârat Ratna — la plus haute distinction indienne — en 1997, et le Deshikottam Award, Vishwa Bharti, en 2000).
Pratibha Patillui lui succèdera en juillet 2007 à la présidence de
l'Inde.
Olivia et moi avons eu l’occasion d’entendre le Dr Kalam samedi dernier dans un discours brillant. Invité à s’exprimer devant des professionnels du marché financier,
il explique que la vraie richesse c’est la connaissance et le savoir.
Dans son discours il fait partager sa vision du monde. Hier le pouvoir tirait sa source des ressources naturelles, aujourd’hui c’est le savoir qui permet la
puissance. Hier la hiérarchie s’imposait, aujourd’hui la synergie s’impose. Hier l’ancienneté était la règle, aujourd’hui c’est la créativité. Le monde des affaires a besoin d’intégrité et ce qui
compte ce sont les clients et pas les actionnaires.
Cet homme est complètement indien, imprégné de la spiritualité indienne. Mais c’est surtout un esprit brillant et très vif. A 79 ans il répondra pendant une
demi-heure aux questions des participants à ce séminaire de manière vive et percutante. Il aime ce contact direct avec l’assemblée (800 participants) et répond sans jamais hésiter aux questions.
Il invite à poser toutes sortes de question. Sa passion reste l’enseignement et la formation des scientifiques indiens. Mais au-delà il véhicule une vision, celle de l’Inde devenant une grande
nation, ce qui aura été le combat de toute sa vie.
Les indiens vénèrent le Dr Kalam ; dans le monde indien il est vrai qu’il occupe une place à part car il est à la fois un grand scientifique mais aussi le
porteur de cette vision de grande nation indienne qui rassemble les indiens au-delà de leurs différences politiques et religieuses. Et surtout il n’est pas un homme politique traditionnel ce qui
ne l’a pas empêché d’être élu à la magistrature suprême.
Pour les indiens d’aujourd’hui, toutes générations confondues, le Dr Kalam est un guide.