Ce n’est pas une nouveauté : la Russie traverse une crise demographique sans précédent. Le plus vaste pays du monde perd 500 000 habitants par an et ses dirigeants quasiment autant de cheveux par jour à essayer d’endiguer ces tristes statistiques.
Tout est donc bon pour pousser les russes à enfanter : concevez un enfant un certain jour de novembre. Si l’enfant naît pile 9 mois plus tard, vous recevez le package complet pour l’éducation (poussette supersonique, appart multi-chambre et frais de scolarité). Au 2ème enfant, recevez également un package, plus vous faites de jumeaux/triplés, etc, plus vous recevez de package.
Une affiche se ballade en ce moment dans les couloirs du métro : « la Russie a besoin de vos records » où l’on peut admirer une belle blonde tout sourire entourée de 3 garçons identiques et tout sourire également (alors qu’on imagine le cauchemar d’avoir 3 triplés mâles. La propagande nataliste nous a bien caché les cernes de l’héroïne sous des tonnes de fond de teint, sans parler du reste).
Dernière en date : l’annonce dans le métro, lorsque les portes se ferment. Une annonce vieille de plusieurs dizaines d’années, qui tout à coup a été rallongée pour les besoins de la cause : les sièges ne sont plus seulement réservés « aux invalides, aux personnes âgées et aux personnes avec des enfants » mais aussi « aux femmes enceintes ».
Qui sait à quel point le fait de s’entendre répéter tout les matins à l’heure de pointe, quand les wagons font mine d’exploser tellement la masse humaine est dense, ou tous les soirs vers 23heures quand tous ces satanés sièges sont squattés par des passagers qui y semblent ferrés, qui sait à quel point la répétition de cette phrase « les sièges sont réservés aux femmes enceintes » donnera envie à la pauvre jeune fille rentrant vannée du boulot d’avoir des enfants. Histoire d’avoir sa place assise. Pas bête. Ça c’est de la politique structurelle.