Le débat sur l'identité nationale organisée au Zénith (cinéma) d'Evreux, ce soir-même, a fait un bide. Les zélateurs de la nation recroquevillée sur elle-même en sont pour leurs frais. La préfecture n'est parvenue à attirer que 55 auditeurs-spectateurs alors que deux tables rondes étaient programmées dont l'une sur le communautarisme. Vaste programme et faible participation.
Je l'ai répété maintes fois, ce débat n'intéresse pas prioritairement les Français. Ils ont d'autres préoccupations : le pouvoir d'achat, la santé, le chômage, l'école…et constatent avec lucidité que ce débat n'avait d'autre but que la stigmatisation d'une communauté, la communauté musulmane. La sortie de Fadela Amara, aujourd'hui, avec le retour du «Kärcher» de sinistre mémoire prouve bien que les ministres ont reçu des consignes de Nicolas Sarkozy. Il veut placer la campagne des élections régionales sous le signe de la peur et de l'insécurité, ce qui, jusqu'à maintenant, lui a assez bien réussi. Mais à force de tirer sur la corde, elle va se rompre.
Le président de la République et de l'UMP court tout simplement le risque de gonfler les voiles de la galère du Front national et de permettre aux candidats de ce parti de dépasser les 10 % des suffrages exprimés leur permettant de se maintenir au second tour au détriment des listes UMP-Nouveau Centre.
François Loncle, en authentique républicain, a participé à la première table ronde. « Comme je suis hostile à la politique de la chaise vide, a-t-il déclaré, je suis venu afin de ne pas permettre à certaines opinions d'être exprimées sans être contredites sur le fond.» Il a précisé que ce débat était « nauséabond, pervers, dangereux, inutile. »
Pour lui, la France ne vit pas de crise identitaire : « La question de l'identité nationale est un faux problème. » C'est si vrai que les Français sont 72 % à penser que ce débat n'a d'autre objectif qu'électoraliste. Malheureusement il a libéré une parole raciste et xénophobe. Car mal préparé, mal encadré et mal assumé, le sujet à discuter a réveillé les vieux démons si bien qu'il suscite la désunion et la discorde. « Au lieu de rassembler, ce débat divise, au lieu d'apaiser les tensions, il les exacerbe. »
François Loncle, dans un texte qu'il n'a pu lire complètement, a conclu : « l'essentiel, ce n'est pas une prétendue identité nationale mais les valeurs fondatrices de la République française : la liberté, l'égalité, la fraternité mais aussi la laïcité, la solidarité, la justice, le progrès, la démocratie. »