Communiqué de Bruno Julliard,
Secrétaire national à l’éducation,
et de Bertrand Monthubert,
Secrétaire national à l’enseignement supérieur et à la recherche
Pour ses voeux au monde de l’enseignement et de la recherche, Nicolas Sarkozy vient de se livrer à un édifiant exercice de style. Abandonnant pour une fois le ton méprisant et insultant avec lequel il s’adresse d’habitude au monde de l’enseignement et de la recherche, il se proclame aujourd’hui le meilleur défenseur de la science et de la diffusion du savoir. Cette volte-face l’amène, fidèle à une tactique bien éprouvée, à s’approprier les valeurs de ses adversaires et à énoncer des objectifs largement partagés. Mais elle ne doit pas faire illusion.
On ne juge pas un Président de la République à l’aune de son discours, mais de ses actes. Or, une fois encore, l’écart est stupéfiant entre les déclarations d’intention et les faits.
Nicolas Sarkozy a beau jeu de se lamenter sur la faible attractivité des carrières scientifiques, lui qui est à l’origine de 900 suppressions de postes d’enseignants-chercheurs en 2009.
Il tente de faire croire qu’il investit dans la recherche et l’enseignement supérieur, alors qu’il est comptable d’une baisse ininterrompue de l’effort de recherche en France et que sa majorité au parlement vient de voter 150 millions d’annulations de crédits dans ce secteur. Derrière les annonces mirifiques se cachent des faits : les 19 milliards promis à la recherche et à l’université dans le cadre du grand emprunt ne se traduiront, en réalité, que par quelques centaines de millions d’euros réellement utilisables.
Le Président de la République vante les vertus des sciences humaines et de « l’histoire ancienne », quand son gouvernement supprime l’enseignement de l’histoire-géographie en terminale scientifique.
Il prétend vouloir revaloriser la condition enseignante et s’obstine à vouloir mettre en œuvre, sans aucune concertation, une réforme de la formation des enseignants dénoncée de toutes parts.
Il assigne un objectif de démocratisation de l’enseignement supérieur – largement focalisé sur les Grandes écoles –, mais fragilise les établissements scolaires, là où se trouvent les causes de la persistance des inégalités : suppressions de postes par dizaines de milliers (13 500 en 2009, 16 000 en 2010…), disparition programmée des Rased, ghettoïsation des établissements des quartiers en difficulté via la suppression de la carte scolaire…
Pour les enseignants, pour les chercheurs, pour tous ceux qui font vivre les établissements où le savoir se crée et se transmet, pour tous ceux qui y étudient, ce discours n’est qu’un nouvel exercice d’illusionnisme.
Il est temps d’arrêter les discours et de prendre véritablement la mesure de l’urgence et de mettre en œuvre une autre politique de l’enseignement et de la recherche.