Principe de précaution : Science sans conscience n’est-il que ruine de l’âme ?

Publié le 11 janvier 2010 par Sequovia

A l’heure des OGM, des nanotechnologies, du nucléaire, du changement climatique et de la grippe A – H1N1, le principe de précaution est plus que jamais d’actualité. Touchant simultanément à la santé, à l’environnement et au bonheur, ce principe éthique, institué dans les racines du développement durable, précise la réserve à avoir devant un problème dont on ne connait pas précisément les conséquences possibles. Une belle avancée a priori, mais qui souffre aussi de quelques travers.

Principe de quoi ?
Le principe de précaution explique que « l’absence de certitude, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l’adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommage grave et irréversible à l’environnement, à un coût économiquement acceptable » selon la définition de la loi Barnier de 1995. Cette définition est volontairement transversale pour prendre en compte tous les aspects possibles (médical, environnemental, social…) et assez large pour pouvoir s’adapter à un grand nombre de cas de figure.

Prévenir pour ne pas avoir à guérir

Une démarche perçue comme rassurante
La multiplication exponentielle des nouvelles technologies rend le monde mouvant et donc inquiétant. L’appréhension est légitime, et se base sur des faits avérés (comme l’affaire du sang contaminé ou l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl par exemple), et sur la peur traditionnelle de l’avenir. Le principe de précaution joue donc le rôle de catalyseur pour garantir que les décideurs devront se soucier de la sécurité.
Un complément à l’analyse du risque avéré
Le principe de précaution vient compléter le dispositif d’aide à la décision en proposant une démarche applicable aux risques potentiels, qu’ils soient étayés par des hypothèses solides ou simplement perçus par l’opinion publique.
Un stimulant à la recherche
Fondé sur l’incertitude scientifique, le principe de précaution conduit naturellement à approfondir les connaissances et donc il stimule la recherche afin que celle-ci lui apporte les réponses aux questions que sa formulation met en lumière.

Entre ruine de l’âme et ruine de notre imagination, la marche est petite

Un risque de frein à l’innovation technologique
« Dans le doute, abstiens-toi ! », c’est ce que semble nous susurrer ce principe. Une application trop large du principe de précaution reviendrait donc, de fait, à paralyser l’innovation.
Un risque de confusion entre risques avérés et risques potentiels
Actuellement, certains risques potentiels sont fortement dénoncés (je pense notamment à la grippe A – H1N1) alors que d’autres risques réels (le réchauffement climatique et la prolifération nucléaire notamment) ne trouvent pas écho dans les actes, du fait d’un subtil amalgame entre risque potentiel et risque avéré (ce dernier devenant familier, car réel !). Connaître un danger revient donc à l’accepter un peu, alors  que ne pas le connaître laisse place à l’imagination et en devient ainsi plus redoutée.
La précaution peut être remise en cause si elle n’est pas avérée
Si le risque a été surévalué (c’est le cas pour la grippe A – H1N1), on en vient à penser a posteriori que le principe de précaution était excessif, remettant en cause la décision initiale prise dans une nébuleuse scientifique. Il est donc très difficile d’évaluer a posteriori le gain (du point de vue de la santé de l’environnement, mais aussi économique) des mesures de précaution.

L’avis Sequovia
Entre précaution et immobilisme, la marche est petite. Mais entre non-précaution et insouciance aussi… Etablir la précaution comme principe applicable à toute situation de façon trop vague est donc dangereux, mais ne pas s’y référer tout le temps l’est tout autant…
L’éthique doit donc être le principe suprême, et le principe de précaution raisonné (c’est-à-dire appliqué de manière réfléchi) pourra alors être appliqué de manière systématique, mais proportionnellement à un risque dont l’incertitude doit être mesurée et comparée au x bénéfices prévus.

Source principale : http://www.office-elevage.fr/vpc/10jsmtv/conf-03-01.pdf