Expo universelle 2010, Shangaï sur le devant de la scène

Publié le 11 janvier 2010 par Wewowy

Malgré la résistance acharnée du « Front d’opposition à la nouvelle année» qui, le soir du nouvel an, scandait avec passion au pied de la statue de la liberté de Paris des slogans «2010, hors service !», 2010 s’est facilement imposé. Nous aussi on avait envie d’y croire, d’infléchir la course du temps. Pourtant, cette année encore, il n’y aura pas de 32 décembre et pour cause, 2009 n’a pas passé l’hiver. La pression des lobbys de fabricants de calendriers, d’agendas, de montres et de cotillons aura sans doute été trop forte. Nouvelles résolutions pour 2010 ? Faire le deuil du temps qui passe. Trouver enfin le courage de regarder la trotteuse de ma montre égréner les secondes sans sourciller. Tck-tck-tck, le bruit du temps qui s’écoule est moins flippant en anglais qu’en français. Nouvelle année, même résolutions. C’est décidé, je commencerai par changer la langue de la pendule de ma cuisine. 

Et puisqu’on ne peut pas empêcher le sable de filer dans le sablier, allons de l’avant. 2010 sera, entre autres, l’année de l’exposition universelle de Shangaï, qui aura lieu du 1er mai au 31 Octobre. Ça vaut bien un petit billet. Lisez la suite !

Un peu d’histoire pour commencer. La première expo universelle a eu lieu en 1851 à Londres, en pleine révolution industrielle, afin de promouvoir les réalisations industrielles et technologiques des nations. Depuis, l’exposition universelle s’attache à stimuler le développement économique et technologique du monde, et à faire avancer les cultures et les civilisations. Les pays se sont vite pris au jeu, poussés à surenchérir jusqu’à la démesure pour tenir leur rang et figurer en bonne place dans ces vitrines du progrès. Et question démesure, s’il y a un pays qui s’y connait, c’est bien la Chine, qui en a presque fait sa marque de fabrique.

L’Empire du Milieu semble bien décidé à faire une entrée fracassante dans le 3e millénaire, et il ne recule devant rien pour s’imposer, quitte à jouer des coudes. Le pays qui devrait devenir la seconde puissance économique mondiale devant le Japon dans le courant de l’année, aura pu compter sur 2 événements de portée universelle pour asseoir sa position. Les Jeux Olympiques de pékin de 2008 et l’exposition universelle de Shangaï de 2010. Deux événements vieux de plus d’un siècle qui se jouent pour la première fois de leur histoire en Chine, à deux toutes petites années d’intervalle ! L’occasion était trop belle de frapper un grand coup, et la Chine a mis les petits plats dans les grands pour impressionner la planète. Ainsi, 21 mois après les JO de Pékin, qui resteront dans l’histoire comme les jeux de tous les superlatifs, la Chine annonce à Shangaï « la plus grande exposition universelle de tous les temps».

15 hectares, plus de 200 pays et organisations, 100 millions de visiteurs attendus… De gigantesques travaux sont en cours (routes, tunnels, lignes de métro…) et plus de 5000 toilettes sont en train d’être rénovées (ça donne le vertige !) pour laisser aux visiteurs «un souvenir impérissable». Des centaines de milliers de Shangaïens prennent des cours d’anglais alors que la ville tente d’imposer une nouvelle image de la Chine à grands coups de campagnes publicitaires ventant la politesse, l’élégance et la propreté de ses habitants.

On peut compter sur la chine et sur son excellente capacité d’organisation pour faire de cette exposition universelle un succès. Reste qu’il serait dommage de résumer ce rendez-vous  à une démonstration de force. Un événement de cette portée se doit de véhiculer les valeurs de notre civilisation et en cela, doit revêtir un minimum de sens. Et c’est là que le bât blesse. La Chine aura beau dépenser des millions de Yuans pour expliquer au monde qu’en choisissant le thème « Meilleure ville, meilleur vie»  pour son exposition universelle, elle espère placer l’homme au cœur de ses préoccupations, on en oubliera pas moins que ce pays a encore de gros progrès à faire pour être crédible sur ce thème, comme on a pu le voir récemment avec la conférence de Coppenhague ou l’éxécution d’un citoyen britannique en Chine.

Mais en y réfléchissant une seconde, il est sans doute bien plus intéressant symboliquement de mettre sous les feux des projecteurs un pays qui a encore tout à prouver, qu’un pays modèle, bien sous tout rapport.

Cette édition 2010 s’annonce donc comme l’exposition de toutes les questions. On peut souhaiter que le modèle un peu désuet de l’exposition universelle retrouve tout son sens en 2010 et permette aux questions importantes de notre époque d’être portées sur le devant de la scène.

Une chose est certaine, le temps où la Chine devrait faire des efforts pour se faire accepter par les autres nations est bien loin. Aujourd’hui, ce n’est plus la Chine qui vient au monde mais le monde qui va à la Chine, et les pays sont prêts à toutes les excentricités architecturales pour séduire le géant asiatique lors de cette exposition universelle.

En attendant le mois de mai, rien de tel pour avoir un première aperçu de ce que nous réserve l’exposition, que  de visionner la bande-annonce officielle de Shangaï 2010.

RDV dans quelques jours sur nothingisoriginal.fr pour un petit tour d’horizon des projets architecturaux les plus fous.

Zaijian