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Les Chats Persans

Par Mg

On a depuis quelques années une ouverture sur l’Orient via quelques films qui ont fait le bonheur des plus grands festivals. Bahman Ghobadi est un de ces réalisateurs, iranien ici, récompensé à Cannes notamment, et qui avec son cinqiuème film nous entraîne dans les bas fonds de Téhéran pour… voir des jeunes joués du rock’n'roll.

On descend bien vite de son siège lorsqu’on découvre les Chats Persans, l’histoire d’un groupe de musique pop iranien désirant jouer leur musique au grand jour, quitte à partir en Europe clandestinement pour cela. On attaque de front l’enjeu des libertés dans cette république où les gens sont entourés par un cortège de lois terriblement arbitraires et liberticides. Ce qui est chez nous un simple fait (répététition, concerts..) devient là bas un enjeu clandestin, une organisation parallèle pour trouver le matériel, le transporter, réunir des spectateurs… Ou simplement faire sortir les talents du pays pour qu’ils puissent développer leur don. Pour autant le film a l’intelligence de ne pas mettre la musique au second plan, et c’est bien l’éclosion du groupe que l’on suit, entre la recherche de ses membres, aux rencontres avec la scène underground de Téhéran. Au fil et à mesure de l’histoire (calquée sur des faits réels), la musique devient l’illustration de la découverte de la ville, à travers plusieurs séquences sans autres buts que de nous faire découvrir le vrai Iran. A cette occasion, le réalisateur démontre toute l’intelligence d’un récit passant d’une fiction à un documentaire masqué qui nous permet de mieux nous rendre compte de l’atmosphère là-bas, évidemment pesante et nécessitant de cacher ses passions.

Et c’est cela que rappelle le film. Si jouer du rock est interdit, nos héros font tout pour échapper aux lois, quelquefois aux prix de lourds sacrifices. Les forces de l’ordre rôde, et personne n’est à l’abri d’une arrestation ou pire. A ce titre, si les paroles sont légères, le final fait froid dans le dos, et fait revenir les protagonistes à une dure réalité. Les autorisations sont nécessaires pour jouer en public, et sortir du pays demande un lourd prix dans les filières clandestines (ou les faux papiers). Pour autant la jeunesse iranienne avance et la musique existe malgré tout. Un constat terrible donc, mais un espoir qui subsiste. Avec en fond une musique aux influences occidentales (on parle rock, voir rap tout au long du film) qui, calquée sur des images d’un Téhéran hors sentiers touristiques, donne toute son importance aux propos rapportés.

Le réalisateur filmant avec beaucoup de finesse l’ensemble, n’hésite pas à placer en ouverture que ses deux derniers films ont été vendus sous le manteau en Iran… malgré une diffusion internationale.


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