J’ai moi même, l’an dernier, été l’objet de menaces. J’enseignais jusqu’en juin 2007 en section de BTS comme certifié en génie mécanique productique. Mon poste a été supprimé malgré mes 18 ans d’ancienneté dans le même établissement. J’ai fait le nécessaire pour effectuer une reconversion en mathématiques et j’ai été nommé en septembre 2007 en collège comme prof certifié de maths. J’ai perdu du même coup un métier que j’aimais, un contact avec les étudiants, mon ancienneté et j’ai gagné au collège, la violence, avec impossibilité de revenir sur ma discipline d’origine malgré leurs promesses initiales. L’an dernier, j’ai été menacé de mort par un élève de cinquième, avec dépôt de plainte à la police. Depuis que je suis au collège, j’ai été arrêté environ cinq mois sur deux ans avec quatre tentatives de suicide et surtout aucun soutien de la part de la direction du personnel du rectorat de l’académie de Reims, bien au contraire, j’ai été jugé coupable de la situation dans laquelle je me retrouvais. Depuis septembre, je suis en disponibilité pour convenance personnelle afin de fuir cette situation que je ne peux maîtriser. Pour des raisons financières, j’ai repris les cours en collège le 4 janvier 2010. Je croise les doigts, je ne souhaite pas retomber dans cette spirale. Malheureusement, je ne suis pas tout seul et j’ai d’ailleurs perdu un collègue en septembre 2007 (suicide). Dans les collèges, les dépressions sont monnaie courante. Le plus dur, c’est surtout de n’avoir aucun soutien de la direction du rectorat. On est vraiment peu de chose, juste un numéro : le Numen.
J’espère sincèrement, que les choses vont évoluer, car si le climat de travail est de plus en plus mauvais pour les enseignants, il l’est aussi pour les élèves. Ces élèves qui bientôt dirigeront notre pays.
Il y aurait beaucoup de choses à dire, mais rien ne bouge. Alors, si ce témoignage pouvait aider à faire avancer les choses… Une autorité reconnue chez l’enseignant, un soutien de la part des directions, une reconnaissance du métier d’enseignant.
P.B.