Tous les skieurs de randonnée sont familiers à cet appareil qui peut sauver des vies en cas d’avalanches.
Hier, j’ai participé pour la deuxième fois à la journée sécurité de la section de ski de randonnée du CERN pour s’entrainer à utiliser cet appareil. Explication de son fonctionnement ici !
Attention : ce billet n’est pas une explication de l’utilisation d’un ARVA qui est propre à chaque appareil et que tous les utilisateurs doivent connaitre
avant de faire des sorties! Il est conseillé pour cela de faire des formations pratiques sur le terrain avec des professionnels.
Le terme ARVA représente en France l’ensemble des appareils capables
d’émettre ou de chercher un signal électromagnétique dans le but de localiser des personnes ensevelies par une avalanche. Notez qu’en Suisse, on parle de DVA (Détecteur de Victimes d'Avalanche).
Un ARVA peut fonctionner soit en monde émission (mode par défaut pendant la randonnée), soit en mode réception pour détecter d’éventuels signaux provenant d’un autre appareil enseveli sous la neige.
L’émission
L’ARVA émet un signal électromagnétique haute fréquence bien précis de 457 kHz (norme internationale depuis 1992). Il est équipé d’une antenne dipolaire créant un champ électromagnétique dans son
entourage.
Lignes de champ électromagnétiques crées par un ARVA
L’antenne est constituée d’un barreau de ferrite entouré d’une bobine électrique généralement orientée selon le plus grand côté de l’appareil. En alimentant cette
bobine par un signal électrique, on créé un champ électromagnétique. Si les piles de l’ARVA sont usées, le signal sera moins fort : il est donc indispensable d’avoir des piles bien
chargées ! Pour économiser les piles, le signal n’est pas émis de manière continue mais par des impulsions brèves. La portée du signal peut variée entre 30m et 60m selon les modèles et les
piles.
Signal émis par un ARVA selon la norme ETS300718
La réception
Si une avalanche se produit et ensevelie plusieurs personnes, toutes les personnes à la surface éteignent leur ARVA (s’ils sont dans une zone sécurisée) et une (ou plusieurs) personnes va passer son ARVA en position « émetteur » de manière à localiser les signaux émis par les ARVA des personnes sous la neige.
A l'époque de Tintin, l'ARVA n'existait pas encore, mieux valait avoir un chien...
Il existe des ARVA analogiques dans lesquels un « BIP »
sonore augmente lorsque le signal reçu augmente (il y a en général une molette de calibrage pour obtenir un réglage plus fin). Dans ce cas, il n’y a pas d’indication de distance ou de direction
et leur utilisation demande un entrainement régulier pour être efficace en situation réelle (en général, on dispose de 15 minutes pour retrouver une personne vivante).
Depuis quelques années, le marché a vu l’apparition d’ARVA numériques qui permettent d’évaluer la distance (en fonction de la force du signal) ainsi que
la direction de l’émetteur grâce à une deuxième antenne réceptrice perpendiculaire à la première (voir même
une troisième de manière à former un trièdre dans les 3 dimensions).
Un ARVA analogique et un ARVA numérique Attention : la distance et la direction données par les ARVA (analogiques et numériques) ne sont pas forcément très bonnes et peuvent induire en erreur, particulièrement pour des récepteurs à une seule antenne :
- La position entre l’antenne émettrice et l’antenne réceptrice affecte l’intensité du signal reçu. Si l'antenne réceptrice est orientée selon la ligne de champ, le signal est maximal, à 45° le signal est divisé par environ 1,4 et si l'antenne est perpendiculaire aux lignes de champ, le signal est quasi-nul !! On voit ici l’intérêt d’avoir un ARVA possédant 2 ou 3 antennes pour être sûr de toujours détecter un signal assez fort.
- Il est important de savoir que les appareils fournissant une direction et une distance sont basés sur les lignes de champ du signal reçu. Ceci implique que la distance n’est pas la distance en ligne droite mais la distance en suivant la ligne de champ qui est courbe. De plus, la direction n’est pas la direction en ligne droite mais la direction de la ligne de champ, sachant que le sens n’est pas connu : on peut donc partir à priori dans le sens opposé, d’où l’importance de vérifier que la distance diminue bien lorsqu’on suit une direction (ne pas hésiter à faire demi-tour).
Plusieurs situations possibles selon l'orientation de la personne ensevelie :
Personne enfouie verticalement (rare) : on détecte 2 maxima de part et d’autre de la victime (a et c) et un minimum juste au dessus (b) si on tient son ARVA horizontalement au sol.
Personne enfouis en biais (fréquent) : On détecte un maximum à proximité de la victime mais pas à l’aplomb (b) et les maxima locaux (a et c) ne sont pas symétriques.
Pour faire face à ces différents problèmes de recherche, il existe différentes techniques spécifiques (que je ne détaillerai pas ici, ce n’est pas le propos de ce billet) mais celles-ci demandent un entrainement vraiment régulier et allongent significativement le temps de recherche. Les ARVA équipés de plusieurs antennes de réception sont une première solution car ils permettent de gérer plusieurs directions à la fois et sont donc plus efficace lorsque la personne n’est pas parfaitement horizontale mais ils ne résolvent pas non plus tous les problèmes étant donnée que la position de l’ARVA enseveli est inconnue. Il faut simplement avoir en tête ces lignes de champ et ne pas suivre aveuglément les indications tout en évitant de « brusquer » les ARVA en les faisant tourner dans tous les sens pour ne pas les « perdre ».
Par Benjamin Bradu - Publié dans : TechnologiesEcrire un commentaire 0 - Voir le commentaire - Voir les commentaires - Recommander Précédent : Le contrôle industriel Retour à l'accueil