Le rapporteur choisit pour ce rapport est Michel Rioli; pour ma part un illustre inconnu! Vous allez me rétorquer qu'Attali est déjà très occupé! Certes. Tout ce qu'on sait c'est qu'il est conseiller en Economie Stratégie et Développement des Entreprises. Bien loin de moi l'idée de critiquer le fait qu'il ne soit pas pharmacien, mais j'aimerais savoir auprès de qui ce monsieur travaille! Il est d'ailleurs surprenant de taper son nom dans Google et de ne rien trouver sur ces travaux précedents!
Concernant les membres du groupe de travail, autant je comprends qu'ils soient exclusivement des pharmaciens puisque ce document doit être le socle qui formalise les attentes d'une profession, autant je trouve inadmissible que les seuls experts auditionnés soient des experts-comptables et des avocats! A l'heure où nous commençons à penser les soins pharmaceutiques, alors même que ce rapport invite à penser notre pratique professionnelle de manière centrée sur le patient, et plus largement sur la personne, je trouve inacceptable que les représentants de associations de patients et de consommateurs n'aient pas été consultés!
Je fus agréablement surpris de constater que les resprésentants des étudiants furent conviés aux travaux. En revanche, il y avait une grande absente: la section D de l'Ordre des Pharmaciens n'était pas représentée! Autrement dit, exit les pharmaciens adjoints d'officine (ie. les pharmaciens salariés): vous la relève des titulaires, vous n'avez pas voix au chapitre! Seuls les représentants ordinaux et syndicaux des titulaires d'officines (à ma connaissance, il n'y a pas de syndicats pour les pharmaciens adjoints) ont participer à la réflexion sur l'avenir de notre profession. De même, il eut été intéressant de convier des représentants des préparateurs en pharmacie; comme si ils allaient être étrangers aux modifications des pratiques pharmaceutiques! Cette exclusion est manifeste au coeur du rapport puisqu'il est plusieurs fois souligné que les diversifications des tâches pharmaceutiques se feront au profit du pharmacien. Cependant, il est illusoire de penser que la diversification des tâches pharmaceutiques n'entrainera pas un glissement des anciennes tâches au profit des préparateurs!
Alors que le rapport est bâti en deux volets, le premier relatif aux pratiques professionnelles et le second relatif aux nouveaux modes de rémunérations, je déplore qu'on nous bassine toutes les cinq lignes avec la nécessité de modifier le mode de rémunération des pharmaciens à chaque fois qu'on présente une nouvelle tâche! Certes notre mode de rémunération est stupide, certes il n'encourage pas à une éthique tournée vers la personne ni ne valorise la tâche pharmaceutique et sa plus-value. Mais à le ressasser sans cesse tout au long du rapport, on en vient à se demander si la seule motivation des pharmaciens ne serait que pécunière! Quoi, j'ai encore quelques illusions? J'ai toujours pensé qu'il fallait que nous fassions et que nous montrions que nous faisions bien avant de demander quelque-chose en retour! Je rappelerais également cette anecdote grenobloise: un réseau de soins de ville pour le diabète a décidé d'intégrer le pharmacien d'officine au suivi éducationnnel du patient. Les pharmaciens ont répondu favorablement à condition d'être rémunérés. On leur offre 39€ la consultation. En un an d'existence, aucun pharmacien ne s'est impliqué. Pourquoi?
Je pense qu'il y a un manque de diversité dans les acteurs de la rédaction de ce rapport, bien que Michel Rioli se félicite du contraire. Cependant, il a le mérite d'avoir été signé par la quasi-totalité les syndicats officinaux (la FSPF a participé au groupe de travail mais était absente à la signature) et de constituer par conséquent une base de réflexion pour la profession.