Pauvres “Rois mages” ! Melchior, Gaspard et Balthazar, selon la tradition chrétienne. Par “mages” il faut entendre des astrologues que l’on suppose venus d’Iran, et il est couramment admis aujourd’hui que “l’étoile” dont ils suivirent le trajet correspondrait à la Comète de Halley.
Ils apportaient au nouveau-né - que l’on appelait pas encore le Christ - l’or (symbole de vertu), la myrrhe (gomme aromatique, signe de souffrance, ce qui indiquait la double nature divine et humaine et donc mortelle du Christ) et l’encens (résine blanche provenant d’un arbuste, le boswellia, poussant en Afrique et en Arabie, symbole de divinité et de prière). Toujours selon la tradition, Melchior était blanc, Gaspard jaune et Balthazar, noir…
Voilà bien de quoi foutre les foies à Eric Besson, grand raciste sous l’éternel qui ne craint pas en cette fin d’année d’afficher des chiffres de reconduites à la frontières bien supérieurs à la lettre de mission que lui avait donnée Nicolas Sarkozy. Il aura bien mérité la médaille du déshonneur du très pétainiste “Commis-sariat aux Affaires juives” ! Point étonnant donc que même ses enfants le désavouent…
Or donc, l’Epiphanie – étymologiquement “apparition” est devenue une fête aussi commerciale que Noël. Pour le plus grand profit des boulangers-pâtissiers. Les bonnes galettes coûtant de plus en plus cher. Ce seraientt les bons ingrédients – le beurre de qualité et la pâte d’amende – qui feraient la différence. Les pauvres pouvant toujours se rabattre sur les ersatz des grandes surfaces. Quitte à grossir le lot des gastro-entérites qui sévissent à la même époque.
La concurrence est rude. L’an dernier j’avais enregistré mais sans avoir le temps de les exploiter, deux articles consacrés à un jeune boulanger-pâtissier très imaginatif de Frénouville près de Caen qui avait imaginé de placer dans ses galettes de petits lingots d’or…. Le premier du Figaro Des lingots dans une galette des rois et le second d’E24, supplément économie de 20 minutes Des lingots d’or dans des galettes des rois.La «grosse galette», autrement dit. Même si le roman éponyme de Dos Passos m’est tombé des mains… malgré les chaudes recommandations d’ami(es). Je ne suis pas du genre à faire “comme si”… Je préfère de loin les romans de Steinbeck et d’Erskine Caldwell – la «Route au tabac» et «Le petit arpent du Bon Dieu» - que mon père me mit entre les mains quand j’avais 14 ans.
Or, selon ce que j’ai entendu récemment sur France-Info il y a quelques jours, il aurait fait des émules. J’ai entendu parler de diamants et autres attrappe-gogos. A moins d’avoir “le cul bordé de nouilles”, vous pourrez bien en bouffer jusqu’à vous faire péter la sous-ventrière : beaucoup d’appelés, peu d’élus…
France-Info indiquait par la même occasion qu’un fabricant basque de fèves – tirant jusqu’à la corde sur la ficelle régionaliste, l’équivalent des santons de Provence – les faisait produire au Vietnam ou autre pays de production au plus bas coût possible… J’ai beau avoir l’âme plutôt collectionneuse – je me limite aux télécartes et aux timbres mais sans avoir le temps de m’y intéresser pour l’instant – voilà qui tarirait irrémédiablement cette fibre !
“Tirer les Rois” prêterait-il à conséquence ? Diablement non…Il est de notoriété admise que même sous Louis XIV l’usage fut respecté… Le “roi” ainsi choisi ne faisant nul ombrage au monarque régnant. Il faut, de mon avis, être particulièrement con pour y voir autre chose qu’une tradition établie qui célèbre en quelque sorte le roi “d’un jour”…
Dans mon enfance orléanaise, nous fûmes plusieurs années durant – tant que nous avons habité le quartier - invitées avec ma sœur, à une fête des Rois dans une maison fort bourgeoise de la rue de la Manufacture. Après des jeux fort amusants, l’enfant le plus jeune était invité à se cacher pour désigner au fur et à mesure qui devait recevoir telle ou telle portion de galette. Ce scénario est exactement le même que celui que l’on décrit à la table du duc Louis II de Bourbon qui faisait roi un enfant de 8 ans, le plus pauvre que l’on trouvât en toute la ville.
«Il le revêtait d’habits royaux, et lui donnait ses propres officiers pour le servir. Le lendemain, l’enfant mangeait encore à la table du duc, puis venait son maitre d’hôtel qui faisait la quête pour le pauvre roi. Le duc de Bourbon lui donnait communément quarante livres et tous les chevaliers de la cour chacun un franc, et les écuyers chacun un demi-franc. La somme montait à près de cent francs que l’on donnait au père et à la mère pour que leur enfant fût élevé à l’école».
Il est bien évident que Nicolas Sarkozy qui n’a intrinsèquement aucune grandeur – et bien plutôt tout un lot de bassesses - ne saurait agir de même : tout pour ma gueule et pour les autres, rien à secouer. Et ce qu’il pourrait soupçonner de nuire à sa grandeur – même si en fait cela pourrait y participer peu ou prou – est (mal) proprement battu en brèche.
Aussi bien ne fus-je nullement surprise d’apercevoir sur la newsletter du Figaro ce titre «On ne saurait désigner un roi à l’Élysée». Il faut donc à Nicolas Sarkozy “une galette sans fève‘”… Le monarque à talonnettes ne pourra même pas se mesurer à Louis XIV ! Trop mesquin.
Depuis ce matin me trotte dans la tête la musiquette de «La marche des Rois mages» de Bizet… «De bon matin, j’ai rencontré le train des trois grands Rois qui allaient en voyage. De bon matin, j’ai rencontré le train de trois grands Rois dessus le chemin»…
Pour les jeunes générations qui n’ont souvent qu’une idée très confuse de la chronologie historique, je précise que le “train” dont parle Georges Bizet n’a rien à voir avec un quelconque TGV ou TER – qui n’a pu exister il y a 2000 ans, son invention remontant au début du XIXe siècle : en France a été inaugurée le 26 août 1837 la première ligne destinée au trafic de voyageurs entre Paris et Saint-Germain en Laye - mais qu’au sens ancien l’on parlait de train pour désigner une file d’animaux et parfois de personnes.
Je suppose que qu’Alphonse Daudet – auteur des paroles sur la musique de Bizet – imagina les Rois mages cheminant à la queue leu leu sur des chameaux.
Il m’est revenu ensuite que Sheila avait aussi chanté les Rois mages. Ces mots commençant d’ailleurs la chanson dans mon lointain souvenir. Mais ne m’en demandez pas plus. Je me souviens de Bizet parce qu’on nous l’avait fait chanter à l’école… laquelle ne savait même pas encore qu’elle serait finie pour une gamine à couettes qui s’appelait encore Annie Chancel !