Sauf que Gambol n’aurait pas dû être aussi sûr de lui avec Jimmy car ce dernier, après lui avoir piqué son 357 magnum, lui a collé un pruneau dans le bide. Et maintenant, la blessure de Gambol pisse le sang sur ce parking de bord de route. Pour compléter le tableau, avant de quitter Gambol et de partir avec son feu, son fric et sa bagnole, Jimmy appelle les flics pour les informer du lieu exact où un type s’est fait buter : de son point de vue, s’ils ne trouvent pas un cadavre, au moins trouveront-ils un bon candidat à mettre au trou.
Pas de chance pour Jimmy car, une fois parti, Gambol a encore assez d’esprit et de ressources pour appeler Juarez, se planquer dans un caniveau (ce qui va convaincre les flics qu’on leur a balancé un canular) et attendre une infirmière providentielle envoyée par Juarez (ce qui va lui permettre de ne pas se vider de tout son sang).
Denis Johnson
Pendant sa petite convalescence, Gambol aura donc tout le temps de gamberger. Un peu pour zieuter sa garde malade qui est tout sauf moche. Et beaucoup pour ruminer de sales pensées au sujet du truand de bas étage qui lui a piqué son pétard et qui a bien failli réussir à le dégommer. Du coup, la tranquillité à long terme de Jimmy s’en trouve largement fragilisée. Surtout que Juarez n’y a pas, lui non plus trouvé son compte…
Entre combines foireuses, petites frappes miteuses et sans grandes ambitions (que dire de leur envergure), entourloupes alambiquées et calibres de toutes dimensions, Denis JOHNSON déroule un petit polar dans un sombre milieu où trouver une planque chez des marginaux reste parfois hasardeux, car même si ce sont de vieilles relations et s’ils sont un peu casés, ils sont encore bien déjantés et pas totalement déconnectés d’un passé certainement glauque.
Bref, encore une fois, voilà une trame de polar qui aurait pu donner quelque chose de sympathique et qui a loupé la coche par un texte décousu, haché et sans grande envergure. Même si tous les ingrédients sont là pour faire le potage, à mon goût, Denis JOHNSON a oublié le sel.