c’est visiblement la volonté de la Ministre Valérie Pécresse qui cependant s’en défend en considérant que 30% de boursiers sont un « objectif » et non un « quota ». Cherchez l’erreur ou l’application certaine de ce que l’on appelle « jouer sur les mots ».
La CGE « Conférence des grandes écoles » considère quant à elle, qu’autoriser jusqu’à 30% de boursiers lors de l’accession aux grandes écoles reviendrait à faire baisser à terme le niveau.
Il y a donc polémique entre ceux qui visiblement n’ont de cesse de vouloir rester entre eux -gens bien nés- et leur Ministre de tutelle qui veut démocratiser l’accès à certaines filières qui offrent l’opportunité de voir sortir de leur rang les futures têtes de notre pays.
Pour les uns, il semble évident que provenir d’une zone défavorisée est un facteur d’échec. Pour les mêmes, la cuiller en or, reçue à la naissance, ne peut traîner dans un simple bol de supermarché. Pour la Ministre, l’intelligence et la volonté d’en apprendre plus ne sont pas géographiquement liées à des pavillons de chasse ou des maisons de maître.
L’enfant de la cité ou l’enfant de « non-riche » doit pouvoir, s’il en est capable, intégrer les plus prestigieux établissements de la Nation. N’en déplaise aux col roulés et aux jupes bleu-marine. Cette volonté figurait parmi les souhaits du candidat président Nicolas Sarkozy.
Il faut pourtant faire attention aux mots utilisés. Vouloir obtenir dans les années à venir 30% de boursiers c’est à l’identique vouloir 90% de bacheliers. Or, il est indéniable qu’aujourd’hui le Bac est bradé et n’a plus aucune consistance sur le marché du travail. Le BAC d’aujourd’hui est pour le chercheur d’emploi le BEPC d’autrefois. A titre d’exemple, l’entrée à l’école des Officiers de Gendarmerie est prisée depuis des années par des BAC plus cinq et plus. A l’identique celle des Officiers de la Police.
Il faut également faire attention à la façon dont le Ministère veut obtenir ce quota. Jusqu’à preuve du contraire, c’en est un. Et ce quota peut devenir un objectif.
Valérie Pécresse souhaite que les meilleurs des zones défavorisées puissent rejoindre les rangs des meilleures écoles, soit. Mais la vraie question n’a pas été posée et c’est là que certains puisent leur argumentaire. Le niveau des meilleurs est-il le même que celui obtenu par ceux des zones plus favorisées? C’est la vraie question. Et tenter de répondre correspondrait sans doute à remettre en question la totalité du système éducatif français. Parce que ce n’est pas en envoyant des professeurs débutants dans les zones où personne ne veut enseigner et en mutant les plus aguerris dans les zones les plus nanties que l’on obtiendra un niveau d’équivalence. Là, ce n’est que la partie émergée du problème. Dès lors, on peut comprendre que la CGE rechigne à accompagner la Ministre et parle de baisse de niveau.
Autre source d’inquiétude et elle émane cette fois des Etats-Unis où ce principe a cours depuis de nombreuses années. Une à une les grandes universités américaines s’élèvent contre les quotas qui leur sont imposés n’en déplaise au sociologue Patrick Weil du CNRS qui considère que les études ont démontré que la crainte d’une baisse de nivau est infondée. Ce qu’il ne dit pas, c’est que l’application de ces quotas a eu pour effet pervers d’empêcher certaines têtes bien faites de rejoindre les grandes écoles au profit justement des quotas imposés.
Le nivellement par le bas est dangereux à terme. Les grandes écoles françaises ont longtemps été un modèle pour le reste du monde. Elles ne le sont plus aujourd’hui et ne le seront sans doute pas de nouveau avant longtemps. Sans pour autant être un défenseur acharné de l’élitisme, il est cependant stupide de croire que jouer sur le social en matière de sélection est la solution.