Tyreke Evans a définitivement mis Sacramento à ses pieds… et le reste des rookies avec ?

Nous sommes à Sacramento dans la nuit de samedi à dimanche, et il reste 11 secondes à jouer entre les kings et les Nuggets, balle à suivre pour les locaux. L'israëlien Omri Casspi remet la balle en jeu, direction son meneur de jeu Tyreke Evans. Celui-ci drive avec Kenyon Martin sur le dos ou plutôt devant lui, s'avance et pénètre, feinte son opposant, Néné en profite pour lâcher l'affaire, et Tyreke Evans enchaîne par un fade-away… et swoosh, ça rentre, et Sacramento mène 102 à 100 à moins d'une seconde du buzzer final ! Tyreke Evans vient donc de donner la victoire aux siens, devant un ARCO Arena tout acquis à sa cause. Tyreke Evans, king parmi les Kings, mais aussi king parmi les rookies, car il ne faut pas l'oublier, Evans est un tout nouveau dans cette ligue, et si Brandon Jennings a illuminé le début de saison, c'est Evans qui a depuis repris le flambeau…

Rocky Widner/NBAE via Getty Images

17 victoires pour 65 défaites, c'est le bilan des Kings lors de la saison dernière. Cette année, la franchise implantée à Sacramento présente un ratio plutôt flatteur par rapport à ce que l'on attendait d'eux en octobre dernier : avec 15 victoires déjà en 36 rencontres, les gars de Paul Westphal ne sont plus cette équipe contre qui gagner était une formalité (ils ont passé ce relai aux Nets…), mais bien une équipe contre qui il faut maintenant batailler. La différence majeure entre cette saison et il y a encore 8 mois, c'est déjà l'arrivée de Paul Westphal : meneur notamment des Suns au milieu des années 70, l'ancien de USC est aussi connu pour pour avoir mené ces mêmes Suns en NBA Finals dès sa première saison à leur tête en 1992/93, en pratiquant un jeu rapide porté vers l'avant… Mais pour cela, il lui faut un meneur digne de ce nom : il en avait un avec Kevin Johnson à Phoenix, un avec Gary Payton à Seattle en 2000, et enfin il en a encore un cette saison avec Tyreke Evans.

Ce dernier, choisi à la 4ème place de la dernière draft, est une véritable satisfaction du côté de Sacramento. Plutôt grand (1,95m) pour un meneur, j'avais été plutôt sceptique quant à ce choix, alors que Jonny Flynn, Ricky Rubio ou encore Stephen Curry et Brandon Jennings étaient encore disponibles. Geoff Petrie, le GM de Sac'mento a bien fait de ne pas m'écouter, puisqu'en plus avoir vu son contrat récemment prolongé de 3 ans, Tyreke Evans est littéralement en train de changer la face de la franchise californienne, après plusieurs années de disette (depuis le fameux shoot de Robert Horry si l'on veut aller vite). Meneur de jeu supra-athlétique, il possède cet avantage sur ses gardes du corps de pouvoir leur “shooter dessus” en attaque ou de les gêner fortement en défense, grâce à des bras très longs. Beno Udrih, le meneur titulaire de l'an passé, a pu voir d'un mauvais oeil l'arrivée de Evans, mais depuis la blessure de Kevin Martin, arme numéro un des Kings, le petit slovène joue côte-à-côte avec Evans, les deux formant une paire assez atypique, assez du moins pour perturber les défenses adverses.

Du côté des stats, je n'utiliserai pas grand chose si ce n'est ce lien from Basket-Reference.com… Ils ne sont en effet que 3 durant leur saison Rookie, à avoir accumulé plus de 20 points, 5 rebonds, 5 passes et 1 interception : Tyreke Evans bien évidemment, mais également deux gars surnommés His Airness et The Chosen One, à savoir Michael Jordan et LeBron James !! Assez hallucinant de la part de Tyreke le grand meneur de jeu, mais qui ne surprend pas plus que ça son coach actuel, qui lui a laissé les clés de la maison sans aucune hésitation. Avec Omri Casspi notamment, il fait partie d'un effectif jeune et dont on peut attendre beaucoup : Casspi est en effet une belle surprise, puisque malgré sa 23ème place à la dernière draft, il est l'un des tout meilleurs rookies (13 points et 5 rebonds par soir) ; Jason Thompson, 23 ans, confirme les espoirs placés en lui, avec ses 9 prises à chaque match ; enfin Spencer Hawes, 21 ans, me déçoit un peu cette saison, n'étant pas arrivé à hausser son niveau de jeu cette saison. Pas si grave selon les spécialistes, il doit néanmoins grossir quelque peu pour devenir le pivot du futur pour les Kings. Au final, le point d'interrogation désormais se nomme Kevin Martin : après un début de saison plus que poussif pour son équipe (1 victoire seulement en 5 match), le scoreur attitré et officiel des Kings s'est en effet blessé et son retour n'est pas prévu avant le mois de mars. Depuis, l'équipe a appris à jouer sans lui… et il est bien là le soucis : quelle sera la place de Kevin Martin alors qu'il apparaît clairement que Tyreke Evans lui a pris le leadership ? D'un côté, on peut se dire que la présence de Evans ne peut qu'être positive pour Kevin Martin, gros shooteur longue distance et capable de claquer 30 points par soir ; d'un autre, on peut se poser la question de la complémentarité entre deux joueurs qui ont besoin d'avoir la balle entre les mains pour pouvoir s'exprimer pleinement. Personnellement, mon côté “positive attitude” me fait dire qu'ils arriveront à cohabiter grâce aux différents systèmes mis en place par Westphal, et notamment un 5 plutôt petit, avec Thompson sous les panneaux, Casspi et Martin sur les ailes, et Udrih et Evans qui alternent à la mène.

Gary Dineen/NBAE via Getty Images

Evans est incontournable, plus que Martin désormais dans le jeu pratiqué par les Kings. Evans est un phénomène dans cette ligue, alors qu'il n'est qu'un rookie rappelons-le. L'an dernier, Derrick Rose avait survolé les débats ; cette saison Tyreke Evans semble avoir creusé le trou avec les autres rookies, et notamment Brandon Jennings. Ce dernier, drafté en 10ème position par les Bucks, avait éclaboussé de son talent le premier mois de la saison (on se souvient de ses 55 points…), mais semble revenir dans le rang (un rang assez élevé tout de même) depuis, avec notamment une série de mauvais résultats de la part de son équipe de Milwaukee. Ces deux-là pourrait être appelés au prochain All Star Game que ça ne serait pas choquant, tellement ils montrent une confiance mêlée à une certaine désinvolture qui font d'eux deux extra-terrestres. Et les équipes ne les ayant pas draftés en juin dernier peuvent s'en mordre les doigts (pour rappel, New York a choisi de drafté Jordan Hill avec son 7ème pick, et il n'a pour l'instant marqué que 42 points en 11 rencontres…). La grosse perf' de Tyreke Evans hier soir face à Chauncey Billups s'il-vous-plaît, n'a pas échappé à nos yeux aguerris : Tyreke Evans s'est mis tout Sacramento dans la poche, et à moins d'une défaillance soudaine ou un rush de la part de Milwaukee, Evans file tout droit vers le titre de Rookie of the Year.