Une série attendue, c'est une série bien vendue

Publié le 10 janvier 2010 par Ladytelephagy

On parlait l'autre jour des séries de la rentrée japonaise (n'étais-je pas, pilotovore que je suis, vouée à adorer le fonctionnement de la télé japonaise avec ses 4 rentrées télévisuelles par an ?), j'ai enfin la possibilité de vous donner le classement des séries les plus attendues de la saison, selon le sondage Oricon de circonstance.
Je rappelle pour info que les pitches de ces séries (et bien d'autres) sont rassemblés dans ce post d'il y a quelques jours.

1 - Code Blue (saison 2)
2 - Bloody Monday (saison 2)
3 - Tokujou Kabachi!! (spin-off)
4 - Yamato Nadeshiko Shichi Henge
5 - Magerarenai Onna
6 - Hidarime Tantei EYE (remake/suite d'un téléfilm)
7 - Massugu na Otoko
8 - Hanchou (saison 2)
9 - Nakanai to Kimeta Hi
10 - Angel Bank

C'est carrément pathétique. Les séries inintéressantes le disputent aux séries renouvelées (avec un joli cumul sur le haut des marches du podium). Franchement, heureusement qu'il est prouvé que les sondages de l'Oricon ne reflètent qu'une partie des goûts du public (= les adolescentes et les jeunes femmes), parce que ça fait grave peur.
Remarquez au passage que Ryoumaden n'y figure pas alors que je mettrais ma main au feu que dans quelques semaines, plusieurs des séries mentionnées dans ce top seront bien incapables de faire d'aussi bonnes audiences. Et ça, quelque part, ça rassure quand même un chouilla.

Je crois qu'en fait, les sondé(e)s ont confondu avec un questionnaire des séries qui donnent le moins envie, mais dont le casting est suffisamment connu pour booster les audiences...

Mais non, en réalité, ce que ça prouve, c'est l'épatante fiabilité des systèmes de promotion autour des séries considérées comme bankable par les chaînes nippones.
Le bourrage de crâne a bien fonctionné, tout le monde a bien retenu la leçon : en janvier, il faudra mater Tomohisa Yamashita dans Code Blue. Yamapi qui sera secondé par Erika Toda, laquelle revient d'une seconde saison de LIAR GAME fructueuse (avec un film à promouvoir dans pas longtemps) et de Yui Aragaki qui, avec un peu de chance, a un single de prévu tout prochainement histoire de terminer d'assommer tout le monde. Ah, bah tiens, j'étais pas loin, elle sera au menu d'une grosse compilation vouée au succès commercial... 'Fort à parier qu'elle sera invitée sur le plateau de l'émission musicale Hey! Hey! Hey! (sur la même chaîne), ou n'importe laquelle d'ailleurs ; Music Station sur TV Asahi l'a à la bonne, notamment. Enfin bref, le spectateur japonais n'a pas fini de se faire rappeler à l'ordre pour regarder la série.

Les Japonais sont vraiment les meilleurs sitôt qu'il s'agit de vendre un produit culturel. Avec eux, le mot "médiatisation" n'est pas un vain mot, et un tel enthousiasme fait plaisir à voir. Les règles du jeu sont les suivantes : pour vendre quelque chose, tous les coups sont permis. Surtout si on peut squatter les médias de plusieurs façons. Et avec les séries, c'est juste parfait puisque depuis des années, l'industrie tourne autour de jeunes frimousses qui obtiennent des premiers rôles à la télé et au ciné, qui s'affichent dans les magazines à la mode, qui savent vaguement pousser la chansonnette, qui font des pubs pour de grandes marques... On fait interpréter le générique par un chanteur ou un groupe qui cartonne ou qui est en pleine ascension (on en profite pour faire la promo de l'artiste musical en question... ça fait plaisir à la filiale qui fait maison de disques, échange de bons procédés si vous voulez). Et sans compter les campagnes d'affichage dans les rues et les couloirs de métro !
Alors évidemment, les règles du jeu stipulent également (en petits caractères) que ce ne seront pas les séries les plus intéressantes qui seront vendues de la sorte ; c'est d'ailleurs une règle internationale. C'est le prix à payer pour un secteur économique réellement actif, quelque part...

J'ai l'air de râler, mais pas du tout. Je trouve vraiment que ces techniques ont quelque chose d'inspirant, fondamentalement. Pour nous Frenchies, j'entends.
On veut que ça marche, donc on met le paquet : casting attrape-couillon, générique interprété par un artiste connu, pub partout et tranquillité nulle part... Quelque part, les médias japonais, ils croient en leur propre industrie, et c'est ça qui est beau. Ils font tourner la machine. Ils ne remplissent pas les cases-horaire avec mollesse en espérant quand même faire de belles audiences : ils vont les chercher. Leur système n'est ni meilleur ni pire que celui des américains (qui ont quand même tendance à être plus limités quand il s'agit de traverser les secteurs médiatiques, mais qui qui compensent par d'autres facteurs évidemment), mais sans aucun doute possible, il est meilleur que le nôtre.

Ils entretiennent leur business, les Japonais. Et au milieu des produits de consommation grand public, on peut subventionner des projets d'auteur, des expérimentations, des trucs plus marginaux. C'est pas grave puisqu'on compense par ailleurs ! Puisqu'on a mis le paquet pour que ce qui marche, marche vraiment ! En France, on veut les bonnes audiences, tout de suite, sans se fouler, juste en commençant à diffuser des trailers une ou deux semaines à l'avance ! Rien capté...

Allez, je vous laisse sur un ton plus doux, avec deux scans de magazines où figurent Erika Toda et Yui Aragaki. Il ne sera pas dit que je n'aurai pas promu Code Blue à la japonaise... vous me direz si ça a marché sur vous. Et comme dirait un autre amateur de dorama de ma connaissance : n'oubliez pas, en cliquant, c'est plus grand.