Le discours de Doha montre que l'ancien Premier Ministre est à une étape "post-candidature" pour 2012.
L'intervention de Dominique de Villepin lors du salon du livre de Doha (Quatar) montre, si besoin était, que l'ancien Premier Ministre est déjà à l'étape ... post-candidature pour la présidentielle 2012. Il marque minutieusement le territoire conceptuel qui est le sien, actant chaque point de divergence avec le Président sortant.
Les prophètes de l'après-coup auront probablement beaucoup de facilité à présenter deux candidatures dont il n'est pas assez question actuellement : celle de Dominique de Villepin et de Ségolène Royal.
La seconde a constitué son réseau. Il est actif, soudé, déterminé. C'est un appareil réactif qui est en parallèle du PS.
Que les primaires soient décalées, mal-gérées, peu loyales ... et la candidature de Ségolène Royal "hors PS" sera légitimée. Elle est naturellement candidate. Seule une procédure démocratique large au sein du PS conduite dans des conditions techniques irréprochables scellant une défaite de sa part pourrait la priver de cette campagne. L'enjeu pour elle est de se maintenir.
Pour Dominique de Villepin, l'enjeu est de progresser dans la perception publique de sa candidature. Son enjeu réside dans la définition d'un nouveau leadership.
Il doit proposer une ambition collective au-delà des partis car de toutes les façons il n'a aucune perspective positive à attendre de l'UMP.
Il doit être celui qui réhausse les Français et la France. Ses adversaires ont déjà commencé à faire flèches de tout bois à l'exemple caricatural de Valérie Pécresse cette semaine dans le Grand Journal de Canal +.
Une candidature efficace ne se décrète pas un beau matin. Elle se construit et en plusieurs étapes.
La première, celle de l'affirmation est intervenue lors du dernier trimestre 2009.
La seconde, celle des ancrages conceptuels et logistiques est ouverte. Elle se déroule sous nos yeux. Le discours de Doha est l'un des exemples.
La troisième étape sera celle de la "connaissance personnelle". Elle conditionnera le score du premier tour pour un candidat qui, à ce jour, est un excellent candidat de second tour mais encore faut-il y parvenir. A ce stade, il importera d'observer si lui et l'opinion feront un couple sans histoire.
C'est ce rapport particulier qui permet de dépasser la seule arithmétique. A ce jour, l'opinion admire Dominique de Villepin, l'estime mais finalement, elle le connait peu. Il n'y a pas encore de dimension affective. Des a priori sont ancrés dans son esprit dont l'équation haut fonctionnaire = froideur. Un a priori qui ne correspondait déjà pas à la réalité d'hier (voir vidéo ci-dessous) mais encore moins à celle d'aujourd'hui. Qu'en sera-t-il quand l'opinion construira son appréciation actualisée ? Ce qui est sûr, c'est que le décor change et que la campagne pour 2012 s'annonce sur des bases particulièrement originales.