Vu que la maladie dont j'ignore le nom mais qui ressemble à une pharyngite ne veut pas me quitter, qu'elle a amené avec elle la fièvre, la toux, le nez en piscine et la gorge enflammée, et vu que dehors ... il neige encore et encore, je reste dedans, bien au chaud.
En pyjama.
Dans mon canapé.
Devant la téloche.
La glande à l'état pur, mais nécessaire. Et vu que je glande vraiment, entre deux sommes enfièvrés, je regarde tout. Les paris des matchs de foot à 6h30, Télématin (une minute sur deux car les sommes étaient fréquents à ce moment-là de la matinée), le Thé ou Café de Rachida Dati qui n'a pas voulu dire si sa fille avait le même tempérament que son père -c'est à se demander si elle fait pas la succession de la Vierge Marie notre députée Européenne, puis mon émission adorée tellement elle sert à rien mais que chaque matin je m'excite comme une hystérique parce que j'ai trouvé le mot et pas eux, ou alors que j'en apprends des nouveaux du genre "Jéroboam", j'ai nommé "Mo mo mo mo motus !", qu'ils ont eu la bonne idée de rajouter le samedi. Puis j'ai versé de grosses larmes sur mon oreiller devant "Tous ensemble", où ils ont réhabilité la maison emportée par la tornade d'une famille ch'ti. Ensuite je me suis bien poilé devant "Les Zamours" parce que n'en déplaise à tous ceux qui trouvent cette émission kitch, moi je la trouve super drôle. Pas Tex hein. Les zamoureux, ils me font marrer. Et je crois que pendant "Tout le monde veut prendre sa place", j'ai fait un bon gros somme.
Pour me réveiller à la moitié du journal de 13h, sur France 2.
Je sais, c'est passionnant la vie d'une malade.
Mais fallait que je partage, parce que c'est pas au bonhomme qui pionce encore que je vais raconter tout ça.
Au moment où j'ai ouvert un oeil, qu'est-ce que j'entends dans la télé?
La musique de "Gentleman Cambrioleur".
Je sais pas vous, mais moi, cette musique, elle m'excite. Et quand y a les paroles en plus, je vous dis pas l'extase.
Je peux pas expliquer, c'est comme ça, et puis c'est tout.
Le reportage était sur la tournée que vient d'entamer Jacques Dutronc à travers la France. J'ai ouvert le deuxième oeil et j'ai oublié mon agonie, j'ai juste savouré.
Cette belle gueule, cette voix délicieuse, la fumée qui s'envole de ce cigare légendaire, les yeux à demi cachés derrière ces lunettes revenues à la mode, cette coupe de cheveux qui n'a pas changé depuis les années 60.
Si j'avais été ado en 65, qu'est-ce que j'aurais pas donné pour voir Dutronc en concert !
Il se trouve que j'étais encore à 16 ans de faire rencontrer mon ovule à mon spermatozoide. Donc c'était raté d'avance.
Et vl'a t-y pas que le Jacquot, encouragé par son fils qui m'excite un peu moins, décide de refaire une tournée avec ses vieilles chansons.
Avec le Gentleman cambrioleur qui me rend toute chose, les cactus qui me font sauter en l'air, la fille du Père-Noël pour qui je me prenais à 10 ans pendant que ma soeur faisait le fils du père Fouettard, chacune une brosse à cheveux dans les mains en guise de micro, bref, avec toutes ces chansons que j'adore. Et peut-être même un petit duo avec Françoise, sur "Puisque vous partez en voyage" ... on peut rêver.
Pour une fois qu'il y en a un qui revient avec les chansons qu'on a envie d'entendre (je cache pas que j'aurais bien vu Polnareff à Bercy y a deux ans, hein), c'est le Dutronc de mes rêves.
Et ben ce sera pas non plus pour cette fois. Parce que c'est trop cher nomdediou. Et que je connais personne qui voudrait m'accompagner.
Alors sur la liste des choses que j'aurais voulu faire dans ma vie, je peux barrer "Voir Jacques Dutronc en concert". Parce que si il attend 16 ans entre chaque tournée, je suis pas bien sûre qu'il pète la forme pour la prochaine, sans vouloir être pessimiste.
En attendant, je vais me consoler en fouinant pour trouver une place pas chère pour applaudir l'autre que j'aimerais voir avant qu'il s'en aille.
Adamo.
Oui, je kiffe Adamo.
Mais vraiment hein.
Vous foutez pas de ma gueule comme le font tous ceux à qui j'ai eu le malheur de le dire un jour.
Même que j'adore Alain Barrière (si si, souvenez-vous "Maaaaaaaaaaaaaa viiiiiiiiiiiie, j'en ai vuuuuuuuu des amouuuuuuuuuuuuurs") et qu'à Noël, lors d'un jeu musical en famille, ma mère a eu un gros choc en voyant que je connaissais la chanson et le nom de l'interprète. Elle doit avoir l'impression d'avoir mis Benjamin Button au monde, version féminine. Oui, parce que j'adore aussi Bourvil, Piaf, Mireille, les Compagnons de la Chanson, Colette Renard, Line Renaud, Montand, Ferrat, Brel, Joe Dassin, Reggiani, Maxime Le Forestier, Eddy Mitchell et j'en passe. J'adore aussi les années 80. Passez moi Gérard Blanc, Jean Schultès, Felix Gray et Didier Barbelivien, et je deviens hystérique. Je pense que si Elvis était encore en vie, je l'aurais déjà vu une bonne dizaine de fois sur scène, pareil pour les Beatles, et je te parle pas de Jeff Buckley.
Bref, ma mère doit être un peu choquée que je m'éclate sur ça pendant qu'elle sautille sur son siège de voiture en écoutant "Ca m'éneeeeerve" de Helmut Fritz.
Heureusement, elle se rassure en voyant ma collection des albums studio et live de Vanessa Paradis depuis 1988.
Quand j'y pense, je n'ai jamais vu de concert des artistes un peu "vieillots".
Mon premier concert sans parents, juste entre copains, avec des clopes et des joints, l'impression d'avoir le monde à nos pieds, c'était IAM, en 1997.
Le vrai premier concert, c'était Hélène Rollès avec des amis de ma mère. Et ben presque vingt ans après, j'en garde un super bon souvenir.
Puis il y a eu Muse aux arênes de Nimes, Dyonisos, Alexis HK, -M- au Zenith de Montpellier, Sinclair au Rockstore, Raphaël à l'Olympia, Aaron au Zénith de Paris, Emily Loizeau à l'Alhambra, et bien sûr Vanessa Paradis à Bercy, ma soirée merveilleuse la plus fantastique de ma vie.
J'ai adoré tous ces concerts, mais je crois que j'adorerais un peu plus si je pouvais voir un ou deux de mes p'tits vieux préférés.
Bon ben je retourne essuyer la morvelle et faire passer une journée au chaud à mon pyjama. Peut-être même que je vais prendre cinq minutes pour m'inscrire à un club de plus de 70 ans qui prennent des bus pour aller voir Franck Mickael en concert.
PS : Jacques, t'es toujours aussi sexy.