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Jhereg - Steven Brust

Publié le 10 janvier 2010 par Berenice

OK, j'avoue : j'ai supprimé les traces des coupes que j'ai opérées dans le texte.
Je voulais un échantillon représentatif du roman, qui garde son esprit, son rythme et son humour, tout en supprimant les informations superflues pour le non-lecteur. J'ai donc condensé 6 pages et demi (format poche) pour obtenir le texte ci-dessous. Hors mes écarts typographiques pour une meilleure lisibilité, le texte est conservé.


« Bon, dis-je. Crache le morceau. Que s’est-il passé ?
Un sourire flotta sur ses lèvres.
-- Pas grand-chose, fit-il. Seulement un message de la part du secrétaire personnel du Démon.
Gasp.
"Le Démon", puisque c’est ainsi qu’on l’appelait, était généralement considéré comme le numéro deux de l’organisation.
« Il veut te rencontrer. Il a sélectionné un endroit sur notre territoire pour la rencontre, pour ce que ça vaut… Le restaurant de La Flamme Bleue.
-- La Flamme Bleue, hein ? C’est un bon endroit pour tuer quelqu’un. De hautes cabines, des allées larges, une lumière ténue. Et situé dans un quartier où les gens s’occupent de leurs affaires…
-- C’est bien là. Il a fixé le rendez-vous à deux heures après midi, demain.
-- Dis-moi, comment t’y prendrais-tu pour tuer un assassin ? Particulièrement quelqu’un qui fait attention à ce que son comportement ne soit jamais répétitif ?
-- Hein ? Eh bien… tu organises une rencontre avec lui, comme le Démon est en train de le faire.
-- Exact. Et, bien sûr, tu fais tout ce que tu peux pour qu’il se méfie, non ?
-- Heu…. Peut-être que toi, tu fais ça, moi pas.
-- Bien sûr que non ! Tu fais en sorte que ça ait l’air d’un simple rendez-vous d’affaires. Et ça veut dire que tu t’arranges pour offrir un repas au type. Et ça veut dire que tu ne choisis pas un horaire comme deux heures après midi.

Il resta silencieux pendant quelques instants, essayant de suivre ma logique plutôt tordue.
-- Mais pourquoi ?
-- Je n’en suis pas sûr… Je vais te dire : rassemble tout ce que tu pourras trouver à son sujet, rapporte-moi tout ça ici et nous essayerons de comprendre.
Kragar sourit et sortit un petit calepin de l’intérieur de sa cape.
Il commença à lire :
-- Le Démon. Véritable nom inconnu. Jeune, probablement moins de huit cent ans.
« Personne n’avait entendu parler de lui avant l’Interregnum. Il a émergé juste après en tuant personnellement deux des trois membres de l’ancien conseil qui avaient survécu. Il a construit une organisation à partir de ce qui restait et aidé à rendre la Maison de nouveau rentable.
« Pour tout dire, Vlad (il s’interrompit en levant les yeux vers moi), il semble que ce soit lui qui ait eu l’idée de permettre aux Orientaux d’acheter des titres pour rejoindre le Jhereg.
-- Voilà qui est intéressant, dis-je. Donc c’est lui que je dois remercier : il a permis à mon père de dilapider quarante ans d’économies, pour qu’en échange, j’aie l’immense plaisir de me faire cracher dessus en tant que Jhereg, en plus de me faire cracher dessus en tant qu’Oriental !
« Mais continue.
-- Pas grand-chose d’autre à dire. Il n’est pas tout à fait arrivé au sommet ; il serait plus juste de dire qu’il est arrivé quelque part et qu’ensuite, il a déclaré que c’était là, le sommet. Tu dois garder à l’esprit que c’était un sacré foutoir à cette époque. Et, bien sûr, il était assez impitoyable et assez doué pour faire en sorte que ça tienne.
-- Kragar, avec quelqu’un comme le Démon, quelque chose comme ça n’arriverait pas par accident, n’est-ce-pas ? »
(...)
Je secouai la tête.
« C’est ça, bien sûr. Il savait que j’allais être nerveux à l’idée de le rencontrer, alors il a volontairement organisé une rencontre inhabituelle pour me rendre suspicieux. Il fait tout cela pour dire : "Allez-y et faites ce que vous avez à faire pour vous sentir en sécurité, je ne serai pas offensé."
Je commençais à être pris de vertiges.
-- J’espère ne jamais avoir à me confronter à ce fils de chienne. C’est un tordu.
-- C’est toi qui es tordu, patron, commenta Kragar. Je me dis parfois que tu connais les Dragaeran mieux que les Dragaeran ne se connaissent eux-mêmes.
-- C’est le cas, affirmai-je d’un ton catégorique. Et c’est parce que je n’en suis pas un.
Il hocha la tête.
-- Tu sais, Kragar, dis-je pensivement, cette affaire ne me plaît guère.
-- Ma foi, tu pourrais toujours lui dire que tu ne peux pas venir ?
-- Sûr. Comme ça, s’il n’avait pas prévu de me tuer, on sera sûr qu’il changera d’avis. »

Donc si ça vous plaît, je vous encourage à lire la série des Aventures de Vlad Taltos. Les volumes sont indépendants les uns des autres, et ne sont de toutes façon pas publiés dans l'ordre chronologique.
J'aime la façon dont est pensé l'univers ; à haut-niveau c'est de la SF, mais on dirait de la fantasy (considérons les Dragaeran comme des elfes, et les Orientaux comme des humains), et surtout, ça fleure le roman noir couleur mafiosi.


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