Xavier-Luc Duval, un des premiers à avoir créé son profil Facebook, aurait un préposé qui s'en occupe... maladroitement.
*Tiré de l’expression créole « Zaco ine gagne banane » (traduction: Le singe a obtenu une banane), signifiant « Une personne obtenant un outil, mais ne sachant pas exactement quoi en faire, finit par faire le pitre avec ».1
Chassez le naturel et il revient au galop. Pourtant, ils s’y ont mis tardivement et ont amplement eu le temps de voir, de comprendre et d’apprendre. Mais donnez aux politiciens mauriciens l’accès à l’outil marketing qu’est Facebook et vous verrez à quel point ils se leurrent. Sur les ondes d’une radio privée ce matin, une déclaration du vice-Premier ministre, Xavier-Luc Duval, a été reprise comme premier item du bulletin d’informations :
Xavier Luc Duval estime qu’il est temps de se « débarrasser de Ti-Vegas ». Il dit aussi regretter que les caméras de surveillance, récemment installées à Quatre-Bornes, n’étaient pas totalement opérationnelles dans la nuit du 31 décembre 2009. Il promet de remédier à ce problème d’ici à la semaine prochaine.
Il s’agit en fait du statut de Facebook sur la page du ministre repris par la radio. Deux conclusions sont disponibles. Premièrement, la rédaction de la radio estime qu’un statut sur Facebook fait office de déclaration publique. Ca s’est fait ailleurs. Deuxièmement, il semblerait que le vice-Premier ministre estime qu’une telle déclaration diffusée sur Facebook aura un meilleur effet sur son capital politique, plutôt que dans la presse traditionnelle. Avant-gardiste ? Je ne lui donne malheureusement pas le bénéfice du doute : le préposé mystérieux qui s’occupe du profil de Xavier-Luc a du se tromper. Une fois de plus. Je ne m’attends d’ailleurs pas à ce qu’il n’y ait une suite à cette déclaration. Comme la fois précédente.
La seule contribution de Suren Dayal depuis qu'il s'est créé son fan-club: "The best ever MP we got in No 8.Quartier Militaire/Moka."
Les politiciens mauriciens envahissent Facebook et nous innondent. On nous lance des demandes « d’amis », on nous demande de devenir ses « fans » ou on liste son profil sous le terme « business ». Des nuances étymologiques qui trahissent un besoin pressant d’un culte de personnalité et nombrilisme politique. On confond trop facilement popularité politique, célébrité ou produits comestibles. Mais devrait-on s’étonner de ces maladresses ?
Après tout, nos politiciens actuels font de la politique de la même manière que leur père – littéralement – le faisait il y a 20 ou 30 ans. D’ailleurs, j’ai toujours pensé que Maurice doit être le seul pays où un chef politique baptise son parti… à son nom: PMXD : Parti Mauricien Xavier Duval. Même le parti ZANU de Robert Mugabe, le Parti Communiste de Cuba de Fidel Castro ou encore l’ancien Parti Baas de Saddam Hussein ne présentaient pas de telles prétentions.
Sur Facebook, à l'Assemblée Nationale ou sur une caisse de savon, l'argumentaire demeure le même.
Les élections législatives 2010 s’approchant à grands pas, on ne devrait pas s’étonner de voir d’autres acteurs de la scène politique rejoindre les « social media ». Mais peut-on s’attendre à ce qu’ils s’adaptent aux plateformes Internet ? Je ne pense malheureusement pas. Car pour les pionniers de la politique mauricienne sur Internet, que ce soit sur Facebook, à l’Assemblée Nationale ou sur une caisse de savon, l’argumentaire demeure le même.
Après tout, il faut tout de même se rendre à l’évidence : on ne peut faire du neuf avec du vieux.
1. clin d’œil à Siganus K.