On aurait bien déjà vu ça : un vieux flic fumeur de hachich et revenu de tout, le commandant Achab ; un fils de flic, Karim, qui suit les traces de son père à la Grande Maison pour connaitre enfin la vérité sur sa fin tragique. Le 36 pour décor, un député marron et refroidi pour sujet, et roule l’intrigue. Sans trop le dire, l’ancien fin limier s’attache au bleu prometteur. (Il connaissait bien son père). Le scénario tire les ficelles et l’on s’ennuierait presque.
Oui mais il y a ce chat dont l’équilibre fait mentir l’adage selon lequel ces félins retombent toujours sur leurs pattes. Meilleur compagnon d’Achab, il n’est guère plus sympathique et gagne ainsi ses galons de personnage. Il y a aussi cette scène du vieux commandant étalé sur le palier d’un escalier d’immeuble parisien et qui contemple sa jambe de bois qui trône sur l’écrin rouge de la moquette une dizaine de marche plus haut.
Enfin, il y a quelques tirades savoureuses. « Avant de vous rencontrer, Commandant, j’avais pas fait gaffe au nombre impressionnant d’escaliers qu’il y a dans ce pays », dit Karim. « J’aime les escaliers… Ma patte me laisse tout le temps de les apprécier », répond Achab. Un vieil argousin qui manie si bien l’auto-dérision, on n’a guère envie de le lâcher.© Antoine Hudin
________________
Sélection officielle Angoulême 2010