Aïe aïe aïe ! les douze coups de minuit ont déjà sonné, nous sommes samedi… vendredi poésie est finie… enfin, à nous de voir. Et si nous profitions de cette ambiance onirique pour faire de cette nuit notre instant poétique ? Il ne sera pas dédié cette fois-ci à quelques unes de mes strophes, mais consacré à un vrai (enfin !) poète contemporain, également et initialement auteur dramaturge : Fabrice Melquiot.
Alors je sais, aujourd’hui poésie rime souvent avec chianli, léthargie, « pff, tu m’ennuies ! »… Sa simple évocation nous rappelle ces âmes passionnées et clichées cent fois croisées, empruntes d’un lyrisme romantique désuet et exagéré. N’oublions pas que la force de la poésie réside dans sa capacité à dire l’indicible, à imager et rythmer si bien la sensation, qu’on en oublie presque les mots. Précision et concision dans une chanson intime, qui décrit le plus souvent la vision d’un monde, d’une vérité.

Le cas de Fabrice Melquiot semble confirmer le formidable ressort d’Actualité que recèle un poème, dans notre société qui demande constamment de l’instantanéité et de l’intensité émotionnelle. Son œuvre se met en scène la plupart du temps, ses vers servent à concevoir aussi bien des pièces de théâtre que des recueils poétiques, et puis, un poème se dit à voix haute, et s’il est accompagné de corps en mouvement, on approche l’art total. Dépassés les Boileau et Baudelaire, les Hugo et Rimbaud, la poésie est en vie ! Et relègue son avatar le Slam au rang de verbiage ! (ok, j’exagère un peu là… mais bon un peu d’emphase, de lyrisme !…)
A 37 ans, il a déjà reçu de nombreux prix, dont le prestigieux Prix Théâtre de l’Académie Française en 2008 pour l’ensemble de son œuvre, et connu une première consécration, quand sa pièce Bouli Miro a été sélectionnée par la Comédie Française en 2002. Auteur associé au Théâtre de la Ville, il a plusieurs fois été à l’affiche de théâtres parisiens et provinciaux depuis le début de la saison, avec notamment Wanted Petula, 3ème volet de l’histoire de l’enfant Bouli Miro. Sa dernière création, 399 secondes, se joue en ce moment au Théâtre Ouvert, jusqu’au 6 février.
Pour illustrer tout ceci, voici donc un de ses poèmes, de circonstance :
Song de ton oscillation
J’ai vidé le givre au revers de ta veste
L’hiver n’a pas fait un pli
Je voulais juste lâcher le leste
Du froid
Et de l’ennui
Me rapprocher tout bas
De ton épiderme
Finalement j’ai pris la veste
Mettons-y
Ton terme
A ma buée
Prenons le pli
Tu serais bien aimable de ne pas me noyer
Pas me geler
Mettons-y
Ton terme
A mon effroi
Prenons le pli
Me rapprocher de toi
J’y pense
Et puis
Souffle sur mes mains
Contredis la saison
Lance ma pupille contre l’abandon
Souffle sur mes mains
De grâce
Je rêve si souvent
D’être ton oscillation














