EPISODE 28 : Où le visiteur règle d'un coup de baguette magique le problème de la future impératrice et où la cérémonie de mariage va bientôt commencer...
« Je me demande si elle est bien faite pour le rôle d'Impératrice, grommela la Belle Monogramme, Princesse de conte de fée, en ramassant la pauvre Multimédia. Elle se pâme toutes les trente secondes ! Et de plus, je n'ai pas avancé d'un pouce question niveau social, dans ces contes à la con. J'ai commencé Princesse, je finirai Princesse, c'est couru ! » « Je peux faire de vous ma Reine, dit Satan en tendant la main vers elle. Dites oui et nous partons ensemble. » « Mono chérie, tu ne vas pas nous abandonner, moi et ma lampe bleue en forme de vache ? brama le Prince Charmant Logarithme, outré. Surtout pour filer avec Satan ! Tu te vois en démone ? Le costume ne t'irait pas du tout. Et je ne parle pas de la coiffure. » « Je le ferais si je n'étais pas une andouille, dit la Princesse, rêveuse. Mais je suis une andouille et une andouille amoureuse qui plus est. Donc, je reste. Et puis, tu as raison, je suis sûre que la coiffure d'une Reine des Enfers doit être insoutenable à regarder. » « Je me demande si cette réplique est vraiment un compliment pour moi », fit Logarithme en fronçant les sourcils. « Si la Princesse de mes fesses t'énerve, viens avec nous dans ma cabane au Canada, proposa Myxomatose. Le caribou magique aura deux apprentis au lieu d'un. » « Fais attention à ce que tu vas répondre, prévint la Belle Monogramme. Je viens pour toi de renoncer à la Royauté, tâche de t'en souvenir. Et ne m'oblige pas à te calotter pour te le rappeler. »
Marsupilania la Vaillante poussa un énorme soupir d'exaspération. « Rester donc ensemble puisque c'est votre destinée et arrêtez de nous gonfler avec vos stupidités ! Y EN A MARRE ! » hurla-t-elle à plein poumons et Satan lui tendit instantanément les bras. « Quel organe, Duchesse ! dit-il. Quand vous voulez pour le trône. » « Non merci, répliqua la Vaillante, très digne, mais ravie intérieurement qu'on lui eût proposé de devenir reine. Mon CDC me suffit. » « Pour ce qu'il te sert ! » murmura Myxomatose. « Et bien voilà, tout est réglé, intervint Multimédia. Personne ne veut devenir démon, on passe à autre chose, il n'y a plus de problème. » « Hélas si ! fit lugubrement la Princesse de conte de fée. Tu n'as toujours pas de robe de mariée » et l'Impératrice du centre de la terre, reprenant conscience de son manque abyssal, éclata en sanglots déchirants.
« Il est amusant, finalement, ce conte, dit Satan. On aurait dû me faire intervenir plus tôt. J'aurais pris grand plaisir à barouder dans le centre de la terre avec cette bande de... heu... d'ahuris... » « Votre altesse plaisante, j'imagine, dit le Maléfique. Vous ne les auriez pas supportés cinq minutes. » « Et alors, où est le problème ? rétorqua Satan. Je les aurais grillés, voilà tout. » Il consulta sa montre. « Je dois partir, dit-il. Future Impératrice, j'ai cru comprendre que vous aviez un problème de robe. Voici mon second cadeau de mariage et je vous souhaite tout le malheur du monde. » Il dessina dans l'air une élégante arabesque avec sa canne, il y eut un éclair jaune, puis blanc, et il disparut, laissant derrière lui une grande boite ficelée avec un ruban rouge. « Ouvre, ouvre, bon sang ! s'exclama la Belle Monogramme en tirant Multimédia par son drap de bain rose. Je suis sûre que c'est une robe... Waouhh ! Il ne s'est pas fichu de toi ! » et la future Impératrice ne s'évanouit pas parce qu'elle était beaucoup trop ébahie, médusée, stupéfaite, transportée, extasiée pour prendre une attaque de nerfs.
Salle des mariages du Palais impérial. Public différent de celui du tribunal, car de très haut rang. Vêtements somptueux à gogo. L'auteur ne décrira pas les habits de la Marsupilania's band, le lecteur est suffisamment imaginatif pour se représenter le degré d'originalité (soyons gentil) qu'ils atteignent. Le peuple du Centre de la Terre ayant été tenu à l'écart de la cérémonie, la salle grouillait d'aristos de tout bord et d'Excellences en veux-tu en voilà. Mais il avait quand même été prévu, au moment où l'Empereur et l'Impératrice échangeraient le baiser rituel et nuptial de faire tomber une pluie de papillotes sur les couloirs, les plages, les esplanades, les rues etc. du Centre de la terre, afin que la populace eût de quoi se réjouir.
L'Empereur apparut le premier : royal, les bois lustrés et fièrement dressés, tellement imposant dans son costume et sa cape d'écarlate que l'Assemblée s'inclina très bas, si bas que quelques perruques mal accrochées churent sur le parquet de la salle. Le Maléfique prit place devant le fauteuil que le Magistrat chargé des mariages au centre de la terre lui désigna d'un geste courtois. Un murmure d'admiration monta tout à coup du public : l'impératrice venait de pénétrer dans la salle...
(A suivre)
(On attend la cérémonie avec impatience : ne va-t-il rien se passer ? La robe offerte par Satan sera-t-elle aussi somptueuse qu'on a pu l'imaginer ? La cérémonie se déroulera-t-elle sans incident ? Et Gudule, le caribou fou et le Séide, que sont-il devenus ? Déjà expédiés sur Pluton ?... Relâche temporaire.)