Voici la première partie de la nouvelle “Le dernier vol du Perséphone” que j’ai rédigée en réponse à l’appel à texte de l’association Hoshikaze. En suivant les liens vers l’asso, vous trouverez un blog où l’on peut suivre les annonces d’Hoshikaze (notamment concernant la publication du recueil), un forum et un wiki décrivant l’univers.
Bonne lecture !
Le dernier vol du Perséphone
1. Il y a quelques minutes…
Les alarmes n’avaient jamais servi depuis la mise en place opérationnelle de la station de défense orbitale. Les colons de Tempest n’avaient d’ailleurs jamais réellement compris pourquoi le Conseil des Forteresses leur imposait un dispositif si lourd à maintenir. Perdue sur un planétoïde désolé autour d’une géante gazeuse dans le système-impasse de Red Hell, Tempest n’exploitait que des métaux très ordinaires. Quel agresseur aurait pu y trouver un quelconque intérêt ? À peine trois cents personnes au sol et deux pigeons de service astreints à bord de la station LRS, « Long Range Surveyor ». Et pourtant, en ce jour anodin, il semble bien qu’un vaisseau inconnu soit en approche.
— Bob ? Bouge ton cul et ramène-toi sur la passerelle !
Diego Agusto n’en menait pas large. Le jeune homme de dix-sept ans en était à sa première vacation à bord de la station. Il ne connaissait pas grand chose de ses rouages, ni même vraiment à quoi tout ce bazar pouvait bien servir. Bob Jarvis, censé lui enseigner tout ça, n’était pas loin de la quille. Mais depuis dix jours, l’ancien descendait des litres de whisky frelaté et se passait des pornos en boucle via son interface neurale.
— Bordel, Diego, qu’est-ce t’as foutu ? s’emporta le mécano ventru lorsqu’il se pointa à moitié rhabillé.
— Mais rien, j’te jure, rien. Ça s’est mis à gueuler de partout, comme ça, tout seul !
— Bon Dieu d’bon dieu, les balises externes ont détecté quelque chose !
Avec scepticisme, le vieil homme frotta sa barbe poivre et sel, rassemblant ses esprits embrumés par l’alcool. Le dernier cargo à avoir quitté Tempest les avait lâchés sur la station trois semaines auparavant. Il ne devait pas revenir avant trois autres semaines. Et rien d’autre ne rendait jamais visite à la colonie minière. Juste Ron et son vieux cargo dont une partie de la soute avait été illégalement transformée en tripot avec alcool, jeux, drogues et même quelques filles !
— On attend personne, hein ? demanda quand même Bob, pour le principe.
— Ben, non, tu le sais bien.
— Ouais, reprit le vieux, déçu, en s’asseyant derrière un pupitre. Bon, voyons ça.
Le mécano grisonnant attrapa d’une main incertaine un pad pour se remémorer les commandes de base, puis enfila son casque neural. Pendant quelques secondes, la projection s’illumina d’icônes de toutes formes et couleurs. En tâtonnant, Bob finit par trouver la bonne séquence. Enfin, sirènes et gyrophares se turent. Les deux hommes poussèrent un soupir de soulagement.
— Y a pas à dire, le silence, ça a du bon, se permit de plaisanter Diego Agusto.
S’il espérait un sourire de son aîné, l’adolescent en fut pour ses frais. Bob, hébété, restait le regard rivé à son écran de contrôle, une expression d’incrédulité sur son visage.
— Quelque chose qui cloche ? tenta Diego.
— Un peu mon neveu ! La station a repéré un mouvement en périphérie du système, sur un point de saut trop léger pour nos motivateurs. Un navire vient de le franchir ! Il nous arrive droit dessus !
— Quoi ? T’es sûr ?
— C’est pas moi qui suis sûr, c’est cette machine qui le dit ! Regarde si tu te crois plus malin !
Diego se pencha par-dessus l’épaule du vieil homme et ne put que constater l’évidence. Un vaisseau avait franchi le cordon des balises longue distance. D’après ce que l’ordinateur de la station analysait, il allait bougrement vite. Trop même pour freiner…
— Il sera là dans combien de temps ? demanda l’adolescent.
— Mais c’est pas vrai, tu réfléchis des fois ? Les signaux d’alerte nous arrivent à la vitesse de la lumière. Okay, ça, tu imprimes ?
— Ouais et alors ?
— Ce Bon Dieu de vaisseau nous tombe dessus en ne ralentissant quasiment pas ! Il est toujours à soixante pour cent de la vitesse-lumière. Alors, p’tit génie, si les balises sont à une heure-lumière d’ici, il est où ce navire ?
— Oh… merde…
— Comme tu dis ! Dépêche-toi de prévenir la surface qu’on a de la visite. Du genre inattendu…
Sur l’écran principal, une nouvelle alerte clignota. L’ordinateur de bord venait d’identifier le transpondeur comme étant celui de l’EDSE Perséphone, disparu sans laisser de trace en 2127.
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