Ils existent, je les ai connus III et fin

Publié le 06 novembre 2007 par Francis Vayeur
ou Il était une fois des marteaux (suite des billets du 12/10/07 et 21/10/07)

- Il y a celui qui a toujours froid et qui quitte un peu avant les autres à la pause de midi pour aller allumer le feu. Généralement cela ne sert d'ailleurs à rien car comme il n'est pas fumeur il n'a rien pour allumer ses brindilles.
- Il y a celui qui aime le confort et qui ne prétend pas rester au bois pour manger ses tartines. Celui-là a droit à un repas chaud à la maison et revient après-midi lourdement lesté et généralement un peu maussade pour terminer la journée.
- Il y a l'ingénieur qui a décidé qu’après tout lui aussi pouvait tenir un marteau. Celui-là n'utilise pas le même vocabulaire que vous. Il crie « 10 » au lieu de « 100 » et quand il est loin on ne sait pas si c'est un « 6. Celui-là quand on le fait répéter, on dit « S'il vous plaît ? »
- Il y a le méticuleux : celui-la il vérifie si la marque du lion est bien visible et il cogne toujours au moins deux fois sur chaque flache.
- Il y a le p'tit nouveau : il demande toujours " Et celui-là je le prends ? " Et on lui répond invariablement " C'est à toi d’voir ! ".
- Il y a le feignant : lui, il marche en ligne droite. Il ne crie pas, il marmonne. 55 ou 135, il met une seule flache. Il guette la première goutte de pluie.
- Il y a l’exubérant : celui-là sifflote toute la journée et répète sans cesse « Mais comme c'est beau ! »
- Il y a celui qui a fait un autre métier avant : il évoque sans cesse le passé en disant " Quand j'étais... ". Et tous les autres pensent : Qu’esse t'attends pour y retourner ?
- Il y a le pensionné : il passait là par hasard. Il vous regarde, un petit sourire aux lèvres puis vous quitte au bout d'un moment en disant " Bon c'est pas tout ça, j’ai l'apéro qui m'attends. Allez salut ! Celui-la on rêve de l'étrangler.
- Il y a l'ouvrier forestier qu'a été réquisitionné : lui, il a l'ingénieur sur le dos (quand il est là) qui lui dit quel arbre prendre. C'est pas la journée qu'il préfère, l'ouvrier forestier.
Et puis il y a tous les autres. Il y a moi. Il y a vous. La liste serait longue de nos petits travers.
A chaque marteau un homme, à chaque homme un marteau.
Le forestier belge n°71 1997