« Étincelante étoile, constant puissè-je à ton instar »
Étincelante étoile, constant puissè-je à ton instar
Non pas naviguer seul dans la splendeur du haut de la nuit
A surveiller de mes paupières pour l’éternité désunies,
Comme de la nature l’ermite insomnieux et patient,
Les eaux mouvantes dans le rituel de leur tâche
D’ablution purifiante des rivages humains de la terre,
Ni contempler le satin du masque frais tombé
De la neige sur les montagnes et sur les landes —
Non, mais toujours constant, toujours inaltérable,
Avoir pour oreiller le sein mûr de mon bel amour,
Afin de sentir à jamais la douceur berçante de sa houle,
Éveillé à jamais d’un trouble délicieux,
Toujours, toujours ouïr de sa respiration le rythme tendre,
Et vivre ainsi toujours — ou bien m’évanouir dans la mort.« Bright star ! would I were steadfast as thou art »
Bright star ! would I were steadfast as thou art —
Not in lone splendour hung aloft the night
And watching, with eternal lids apart,
Like nature’s patient, sleepless Eremite,
The moving waters at their priestlike task
Of pure ablution round earth’s human shores,
Or gazing ont the new soft-fallen mask
Of snow upon the moutains and the moors —
No — yet still steadfast, still unchangeable,
Pillowed upon my fair love’s ripening breast,
To feel for ever its soft swell and fall,
Awake for ever in a sweet unrest,
Still, still to heart her tender-taken breath,
And so live ever — or else swoon to death.
(Note du traducteur : Longtemps tenu pour le dernier poème de Keats, écrit le 29 septembre 1820 où il le copia en marge de l’exemplaire de Shakespeare de son compagnon de voyage en Italie, Joseph Severn. La découverte de la transcription d’une version antérieure datée de 1819 rend cette date impossible. Mais qu’importe !)
John Keats, Seul dans la splendeur, La Différence, 1990, traduit de l’anglais par Robert Davreu
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