Plus loin que la Norvège
De ses placards bien rangés
Notre mère l’a extirpé
Pour me l’offrir
Qu’il n’aille pas réchauffer
D’autres corps étrangers.
Depuis il n’a pas bougé,
Ses mailles si serrées
Ne laissent rien passer,
Ni vent, ni neige
Ce bon pull de Norvège !
Quelques larmes ont coulé
Le long de nos joues froissées
De toi, longtemps on a parlé
De tes ivresses, de tes folies
Les miennes me paraissent si sages
À côté
Je les déloge pourtant
Pour les confier aux pages
D’un futur roman
Tous ces instants
Glanés du passé.
En ce matin clair de janvier
L’air est figé,
Mes larmes aussi
J’ai enfilé ton beau pull gris
Souvenir
D’une escale en Norvège
Il peut neiger
Avec lui, je suis sereine
Seule mon âme s’étonne
Que tu ne sois plus dedans
A narrer tes exploits,
À rire aux éclats
Toi, tu n’as plus chaud ni froid
Au cœur et aux pieds
Tu es parti là-bas
D’où on ne revient pas
Vers des ailleurs givrés.
Plus loin que la Norvège
Brigitte Lécuyer