Les trois bosseuses et Bénabar

Regardé l'autre jour deux reportages diffusés sur une chaîne de télévision française sans publicité le soir qui n'ont a priori rien à voir.
Sujets complétement différents, pour le moins : Le premier, un "portrait" de Bénabar le chanteur, ou plutôt tentative d'explication du phénomène Bénabar. On ne saura guère mais on verra autre chose. Que le gars est raide dingue des tomates, par exemple, qu'il adore cultiver. Ce n'est pas rien, quand même. Le second, on est sur les traces de trois femmes qui ont plusieurs boulots. C'est le multi salariat. Addition de temps de travail et d'employeurs pour comptes qui finissent par permettre de joindre les deux bouts. Mais pas que.
Des vies. Des quotidiens. Des énergies. Des questions médiatiques qui finissent en question (est-ce que ? Est-ce que ne pas ?). D'autres réponses surgissent, du coup.
L'artiste d'un côté. Les "laborieux" de l'autre (mot que j'utilise ici avec un infini respect).
L'un qui dit parler des autres. Les autres qui aiment écouter l'un. Enfin, j'imagine. Des fans ont expliqué pourquoi ils aimaient Bénabar. Ces femmes-là n'en ont guère le temps, mais elles pourraient.
Bashung chantait c'est comment qu'on freine. Ces quatre-là font tout plein pot. Les revenus ne sont pas les mêmes. Les vécus non plus.
Mais en même temps, quelque chose de commun.
Une sorte de quête, permanente, avec des trajectoires de rêves qui se croisent, finalement. L'artiste, en haut d'affiche, est terrorisé par la crainte de tomber dans l'oubli. Il y cogite. Appréhende.
Les ouvrières rêvent elles de gagner plus pour pouvoir bosser moins. Prendre du temps pour elles, un peu.
Quelque chose de fascinant dans ces portraits croisés. Quelque chose qui dit qu'aimer ce que l'on fait, ce n'est pas rien. Une des femmes s'éclate, pourtant, elle n'a pas choisi, elle a juste appris à positiver, deux ans après un licenciement. Une autre a tellement trimé qu'elle a fini par prendre comme une bénédiction l'espèce de stabilité qui a fini par se dégager de ses plusieurs emplois. La voilà saisonnière, deux employeurs, six mois chez l'un, six mois chez l'autre. Et plus plusieurs journées en une. La troisième a voulu garder sa maison, l'emprunt, elle a enquillé les jobs , vie de manière trépidante, de cinq heures du matin à 23 heures. Un drôle de breuvage "vitaminé" l'accompagne partout. Un litre et demi. Faut être en forme, dit-elle. Le sourcil épais. Tant que je tiens, je tiens, elle dit. Après, on verra bien.