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Ce titre, Amok ou le fou de Malaisie, nouvelle écrite par Zweig en 1922, évoque l’enfer de la passion sous une forme des plus curieuses puisqu’il s’agit de cet état de transe furieuse qui s’empare d’un malheureux coureur devenu fou qui, kriss en main, tue tous ceux qui ont le malheur de se trouver sur son passage. Ici, dans ce court récit, il s’agit de la passion amoureuse qui, devenue folie, sort l’homme de lui-même et lui fait commettre les actes les plus fous Le narrateur de cette nouvelle raconte un épisode curieux qui se déroula en 1912, dans le port de Naples, alors qu’embarqué sur un paquebot le ramenant de Calcutta en Europe, il se produisit un étrange accident concernant un voyageur qui venait de lui faire des confidences et se disait en proie à cette forme mystérieuse de démence. Alors qu’il se trouvait une nuit sur le pont du navire, pour prendre l’air, il sentit une présence muette sans cesse à ses côtés. De même le lendemain ! Finalement le mystérieux voyageur entreprit de raconter son histoire comme pour se libérer d’un trop lourd fardeau !
C’est un jeune médecin qui, pour fuir ses dettes, s’est exilé en Inde où pendant sept ans il a vécu isolé. Un jour cependant, une jeune européenne lui demande de l’avorter.
« Mais cette femme…comment dire ? - Elle excita à lui tenir tête tout ce qu’il y avait en moi de contenu, de caché et de mauvais….Je fus obsédé par l’idée de l’humilier. »
Dès lors il n’a de cesse qu’elle se donne à lui en échange de l’intervention qu’elle lui réclame ! Mais elle refuse et s’enfuit.
C’est là qu’il devient fou ! Il commence par regretter sa réaction, donne sa démission et se met à la poursuivre sans cesse. Une furieuse passion pour cette femme inconnue s’empare de lui. Il ne se contrôle plus !
Entre temps elle s’est faite avorter par une vieille indienne et elle en est morte.
Attention ! Je raconte ici la fin de l’histoire !
Le jeune médecin, ayant terminé son récit, refuse toute aide de la part du narrateur qui, le lendemain, apprend qu’alors qu’on descendait le cercueil de la jeune femme, en présence de son mari, « un corps lourd tomba soudain du haut du navire dans la mer, entraînant dans sa chute cercueil, porteurs et mari. » Plus tard le cadavre du jeune médecin fut repêché en même temps que les autres!
Comme souvent chez Zweig, il s’agit d’un récit dans le récit et j’aime particulièrement cette façon d’écrire. C’est sobre et émouvant à la fois ! La folie du héros malheureux est maîtrisée par la lucidité attentive du narrateurr ! Zweig ne m’a encore jamais déçue ! Ceci dit , je n'ai lu que 8 de ses œuvres sur les 75 citées dans Wiii...
Ont aussi présenté cette nouvelle: Karine:), Chiffonnette, et sans doute bien d'autres encore!
Amok ou le fou de Malaisie de Stefan Zweig (Poche,traduction de l’allemand par Alzir Hella et Olivier Bournac revue par Brigitte Vergne-Cain et Gérard Rudent)
Préface de Romain Rolland qui déplore qu’en France on n’ait pas conservé les cinq nouvelles appartenant à l’Amok allemand. L’éditeur français n’en a conservé que deux sous ce nom : Amok et Lettre d’une inconnue