On ne sait pas qui elle est. Neda traverse tous les écrans du monde. Elle était iranienne. Elle est morte d'une balle dans la poitrine assassinée par des lâches qui ont tiré depuis des immeubles-miradors sur une foule qui ne cesse de répéter qu'on lui a volé son vote.
Mourir en direct devant les yeux de millions d'inconnus n'est-ce pas le summum de l'obscène? Dans une société du spectacle où chaque image vient toutes les secondes remplacer la précédente, n'est-ce pas l'indécence même?
Et en même temps, ce visage, cette mort, cette télé du réel très loin de la tv réalité émeut profondément. Le courage de Neda d'être là. Ces derniers spasmes d'une courte vie résument à eux seuls l'obstination d'un peuple qui refuse d'abdiquer. Un peuple qui est prêt a donner sa vie pour qu'enfin une vie de liberté lui soit offerte.
L'Iran est un pays en faillite. 79 Le shah d'iran Reza Palavi quitte le pays chassé par une révolution islamiste portée par des marxistes et des religieux. Le pays trop occidentalisé n'a pas su redistribuer les richesses de l'or noir. L'Ayatollah Khomeiny prend alors le pouvoir. À la mort de Khomeiny, Ali Khamenei est élu Guide suprême à vie par l'Assemblée des experts.
L’Iran évolue progressivement vers un régime plus modéré. Les attentes sont grandes vis-à-vis des réformateurs qui promettent une séparation du politique et du religieux. Akbar Hashemi Rafsanjani est élu Président en juillet 1989 et réélu en 1993. Le réformiste Mohammed Kathami lui succéde en 1997. Mais le clergé conservateur reste un obstacle au changement et les réformes promises peinent à être mises en places. Khamenei freine souvent la politique d’ouverture de la société et des institutions voulue par le président.
Des manifestations étudiantes sont organisées pour dénoncer les promesses non tenues par les dirigeants. En 2001, Kathami est réélu, mais le climat de répression reste virulent.
En juin 2005, l’ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad est élu Président de la République Islamique d’Iran.
Le fragile équilibre de la république d'Iran est en train de se fissurer. Le religieux corcerte une société civile dont les jeunes comptent pour la majorité de la population (2 iraniens sur 3 ont moins de 21 ans). On ne peut que constater le déclin d'une société qui est aujourd'hui plus pauvre qu'en 1970 et qui développe pour survivre un modèle d'échange qui pose question...
"Le secteur subventionné du commerce d'organes pour transplant est en pleine expansion du fait de la pauvreté poussant des milliers de jeunes iraniens à vendre leurs organes (essentiellement des reins) à une des 137 agences gouvernementales spécialisées. Un rein se négocie environ 2400 €[137]".
Que faire alors contre cette misère? Sans intervenir directement, je crois que nous avons le devoir de ne pas rester spectateur de cette situation: si nous le restions, nous serions complice d'un régime autiste et meurtrier. En iran, on viole, on torture, on lapide, on pend, meme des enfants.
On doit dire, parler, mettre nos responsables politiques devant la réalité et leurs contradictions:la guerre en Irak, en Afghanistan.
Quid de l'Iran. Va-t-laisser un peuple se faire massacrer dans le silence mortifère habituel de la communauté internationale? Tien amen disait ce matin sur Europe le philosophie à la chemise ouverte BHL...
Neda, ce visage ensanglantée, cette mort insupportable. Quelle leçon pour nous français qui n'envisageons même pas une seconde la chance de vivre dans un pays démocratique. Le chance de pouvoir voter, de critiquer.
Le régime iranien a interdit hier les funérailles de la jeune femme:comme si l'avoir assassinée ne lui suffisait-il pas, il faut en plus la priver de sépulture. Cependant Ahmadinejad et ses amis ne pourront jamais empêcher les gens de dire que tu as existé Neda Salehi Agha Soltan, 27 ans.
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