Et si l'UMP n'existait pas?

Cette machine électorale a été crée en 2002 sous le nom d'Union pour la Majorité Présidentielle. Sarkozy s'est rapidement accaparé cet objet à gagner sous le nom d'Union pour un Mouvement Populaire, en lui imposant sa vision et son projet pour les élections présidentielles de 2007.

Les députes UDF, RPR et apparentés ont donc composé avec l'idéologie sarkozyste sans y adhérer. En effet, les gaullistes et les centristes se sont un temps réjouis de ce système, qui leur a permis soit de conserver leurs sièges ou d'en raffler de nouveaux.

Et puis, ils se sont posés de plus en plus de questions. Le discours récurent de N.Sarkozy sur la sécurité, l'identité nationale, ils savaient que tout cela bien sûr faisait parti d'une stratégie pour la victoire en 2007, mais ils ne pensaient pas que la stratégie populiste deviendrait politique et s'affirmerait au grand jour en se distillant petit à petit dans les maisons françaises au travers du petit écran.

A l'aube des prochaines élections régionales, certains élus re-questionnent un modèle dont ils sont pourtant le produit.

Ils voient tout d'abord le décalage entre les politiques publiques nationales proposées par le président et la réalité d'un terrain sur lequel ils vont faire campagne. Sarkozy préconise une campagne faisant fi des différences régionales. Or la question du mariages gris, des hommes en cagoules, des sans papiers, sont des thématiques bien éloignées des préoccupations de la réalité des territoires. Les élus régionaux ne sont pas là pour porter une politique étatique, puisque c'est le rôle des préfets, mais pour faire avancer les problèmes économiques et d'aménagement d'une région en prenant en compte les spécificités locales.

Ils voient ensuite des ministres et des candidats, qui "débarquent" dans les régions, prêts à porter cette parole messianique: les Darcos, Valerie Pécresse... Ces candidats sont d'ailleurs plus étiquetés sarkozytes qu'UMP. Pour s'en convaincre, il suffit de s'appuyer sur le cas breton: Le Guen vilepiniste n'a pas fait long feu face à Malgorn sarkozyste.

Enfin, ils comprennent désormais l'instrumentalisation dont ils ont été les victimes. Corps intermédiaires de la nation, ils sont réduits comme d'autres au silence: tout débat d'idées étant considéré comme une remise en question de la politique de Sarkozy et comme un manque de loyauté évident auprès du monarque-président. Certains sénateurs UMP s'émeuvent en commission de ces réformes qui préfigurent une re-centralisation des politiques territoriales sans pour autant les mettre en échec publiquement.

L'UMP n'a pas d'ancrage territorial car il est à raison une machine à gagner présidentielle. Ce n'est donc que l'addition de faire-valoir individuels qui ont choisi l'étiquette plutôt que le projet politique. Sans Sakozy, l'UMP est une coquille vide, machin abstrait sans cohérence et sans ligne politique affichée. Outil de rassemblement certes, mais d'un rassemblement sarkozyste.

Commentaires Lien Texte