Ils s'appellent Dean, Sailor ou Kit. Ils ont pour point commun la fuite et l'amour de la liberté. Ils reflètent une époque révolue, où tout était possible: celle de la route 66 et de ce qu'on appellera plus tard la Beat generation.
D'abord, il y a Kit. Le héros de Badlands de Terence Malick est un garçon étrange à la James Dean. Eboueur, il rencontre sur son chemin Holly, une jeune fille de bonne famille bien comme il faut. Après avoir abattu le père de celle-ci qui s'opposait à cette relation, Kit et Holly s'engagent vers un voyage sans retour. A travers les Badlands du Montana, cette chevauchée sauvage se condamne par avance. En voulant croire à un monde sans obstables, elle doit pour survivre effacer tous temoins.
Certains critiques de cinéma considèrent ce film comme un chef d'œuvre. Premier film de Terence Malick, Badlands préfigure en tout cas, par la qualité de la réalisation les futurs films à venir du réalisateur américain: La Ligne Rouge ou plus récemment Le Nouveau Monde.
On retrouve en effet déjà cette passion pour l'empirisme et la nature sauvage. Ce goût pour une liberté qui pour exister doit s'affranchir de tout regard moral ou institutionnel.
Il y a également Sailor. Le héros de Sailor et Lula de David Lynch. Cette fois ce n'est pas le père qui s'oppose à la relation mais la mère de Lula, Marietta. En fuyant l'hystérie de cette figure maternelle détraquée, Sailor et Lula croisent sur la route, de multiples personnages paumés, mystérieux et dangereux. Le film, palme d'or à Cannes en 1990, est l'antithèse de Baldlands au sens où l'amour arrive à triompher malgré la mère hystérique et la perversité des individus rencontrés sur cette route imaginaire.
Au contraitre de Holly et Kit, Sailor et Lula apparaissent comme un couple positif qui dans la fuite ont réussi à consolider leur relation.
Enfin, il y a Dean et Sal. Enfin plutôt Dean que Sal. Le héros de "sur la route" n'est pas le narrateur mais bien son ami Dean. Dean est pathétique et attachant. Pathétique dans la démesure car incapable de tenir en place, parce que inconscient et irresponsable. Mais tellement attachant, car ne faisant jamais de compromis. Dean est à l'image de l'Amérique des années 60, métaphore d'un État en plein questionnement sur son passé et son avenir.
Kerouac écrira son roman en 3 semaines. Un style complexe, et nerveux, difficile à appréhender au départ, à l'image de son héros en guenilles. Plus la fin du livre est proche et plus la nervosité et le style de l'auteur s'enflamme. Comme une histoire vécue en temps réel, "sur la route" raconte la grandeur des espaces américains,la beauté des paysages d'une route devenue désormais mythique, et la folie des hommes d'une Amérique sans repères.
Avec ces 2 films, et ce livre, en citant Michel Mohrt, romancier, académicien et auteur de la préface de "sur la route": "Enfonçons nous dans la nuit occidentale à la suite de ces mauvais garçons au coeur pur, "enfant de la nuit bop", tricheurs d'Amérique et aussi d'ailleurs, hurlant leur peine, et que "Personne n'écoute là-haut".
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