Un pas de côté

Par Ostinato
Ces jours précédant Noël sont d'ordinaire dans ma branche agro alimentaire un peu une période de pointe.
Pensez donc les dindes en Décembre on en fait comme à l'usine, d'ailleurs je travaille à l'usine.
Elles sont belles nos dindes. Pour vous dire j'ai dit à mon chef la semaine dernière
" Vous savez pour les dindeson a pensé à un truc à l'atelier conditionnement. Il faudrait glisser un billet dans chaque Dinde précisant qu'on offre une taie d'oreiller toutes les 50 dindes achetées. Parce que les plumes je vous jure qu'on les fournit"
Il n'a pas répondu . Il réfléchit. Mais je vous assure que sa mine se demandant si c'est du lard ou du cochon fut mon 14 ième mois
En tout cas la semaine dernière j'ai fait mes 46 heures. Lundi j'ai fait 9 heures. C'est comme même quelque chose de ne voir la lumière du jour que  le midi pour sa pause repas.
Comme me le disait une collègue
" faudrait jamais mettre Noël en Décembre"
       
Alors donc ce lundi soir je suis rentré chez moi après mes neuf heures alors que j'avais l'impression que le soleil ne s'était pas encore levé. Pour une fois j'ai voulu faire un pas de côté et ne pas suivre l'itinéraire menant de mon lieu de travail à chez moi en passant par le centre vfille . En partie à cause de la neige, en partie à cause de la quinzaine commerciale.
On parle tant des minarets en construction. Certains doivent croire que tout de suite des muezzins viendront lancer des appels à la prière. Je connais bien pire. Avez vous déjà enduré quinze jours de quinzaine commerciale avec une sono diffusant  en boucle les mêmes morceaux du hit parade ? Entendre Benjamin Biolay ne vous donne pas des idées de meurtre vous  ? En même temps il n'y pas un seul armurier dans notre bourgade. Le capitalisme c'est très mal pensé quand on y songe. 

Donc j'ai choisi de passer devant un nouveau lotissement. Est ce la  pénombre où le fait de m'engager sur des sentiers qui m'étaient presque inconnu ? Toujours est il que je me suis un instant arrêté devant une maison devant laquel trônait en majesté une DS jaune. Il est vrai que n'étant pas maghrébin je pouvais m'attarder sans passer pour un voleur de voiture.
 Celle ci aurait pu n'être qu'un archaisme. Mais cette massive silhouette, ce que le visionnage dans ma prime adolescence de tous les téléfilms de France 3  où l'apparition de la DS signait sans le moindre doute l'époque des années 60, a produit sur mon esprit fit qu'un instant je me cru revenu dans cette époque du Gaullo pompidolisme  repu et d'une nouvelle vague défrichant de nouvelle voie pour le 7 ème Art. Comme je portais quand même des cheveux longs je me hâtais de reprendre ma route pour éviter d'être confondu  avec un punk ou un hooligan.

Ce que c'est que de faire des pas de côté parfois.