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Au Stade de la Controverse

Publié le 27 décembre 2009 par Misterrugby

Gauche-droite, Droite-gauche, la bataille fait rage. Avec à l’horizon, un possible Euro 2016 en France, la course aux infrastructures est en train de faire un flop, à cause de querelles vraisemblablement plus politiciennes que politiques. De ces querelles, il y aura deux grands perdants, la France, incapable d’avancer, et le sport français. Hélas, le rugby n’y échappera pas. Démonstration faite avec un petit tour dans trois grandes villes de l’Hexagone.

Au Stade de la Controverse

Le futur grand stade de Lille

En matière d’infrastructures pour le sport de haut-niveau la France, malgré les mondiaux de football (1998) et de rugby (2007) a pris un énorme retard. Des pays tels que l’Espagne, le Portugal, l’Italie ou les Pays-Bas, disposent tous d’enceintes ultramodernes notés 5 étoiles par l’UEFA. Quant à la Grande-Bretagne et l’Allemagne, elles appartiennent à une autre planète. Une planète, où l’on ne craint pas le modernisme et où l’on se donne les moyens de ses ambitions.

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MMArena, au Mans, un exemple de stade moderne

Le cas parisien

Pourtant avec le football et le rugby, la France est l’un des très rares pays d’Europe à aimer  deux sports capables de remplir les plus grandes enceintes. C’est le cas à Paris où l’équipe du Stade français a obtenu d’excellents résultats au plus haut niveau entrainant derrière le club un public toujours plus nombreux. Seulement, la ville ne dispose pas d’infrastructures modernes dignes d’un grand club de Top 14. Devant, ce constat la Mairie de Paris a voté la construction d’un nouveau Jean Bouin qui répondrait parfaitement aux attentes du sport professionnel. Seulement, un collectif emmené par des élus, issus de l’UMP, du XVIème arrondissement de Paris s’oppose fermement au projet, prétextant que l’actuel Jean Bouin est un stade omnisport servant avant tout à la pratique du sport amateur et scolaire dans le seizième. On prétend aussi que ce stade qui serait construit par l’architecte Rudy Ricciotti et qui coûterait 110 millions d’euros, serait un cadeau du Maire de Paris, Bertrand Delanoë au Président du Stade français, Max Guazzini. Et comme en France, la protestation unie plus que la réforme, les élus UMP ont trouvé l’improbable soutient des Verts pour renforcer leur collectif anti-nouveau Jean Bouin ! Les travaux qui devaient voir le jour début 2010 ne sont pas prêts de débuter. Les solutions alternatives sont rares : Le PSG, refuse la cohabitation avec un voisin rugbyman qui lui fait de plus en plus d’ombre (le maillot du Stade français se vend mieux que celui du club de football). Quant au stade Charléty, il est aussi vétuste que ne l’est l’actuel Jean Bouin. De leurs côtés les Racingmen des Hauts-de-Seine connaissent également des difficultés pour leur projet d’Arena 92 qui n’a pas été retenu comme site pour la candidature française à l’Euro 2016. L’enceinte devrait en effet être à cheval sur deux communes, l’une d’elle, Nanterre est une enclave gauchiste dans un département qui est l’un des bastions de la droite. Regrettons que Paris soit la seule capitale du monde ne disposant pas d’administration pour son agglomération. Heureusement côté Racingmen, le bon sens des uns et des autres fait qu’on peut espérer voir cette Arena 92 du côté de la Défense.

Et si FFR, Stade français et le Racing se mettait autour d’une même table ? En effet, les trois entités désirent créer leur stade. Le seul ‘hic’ c’est que chacun porte un projet différent : Le Stade français souhaite une enceinte de 20 000 places, et continuerait vraisemblablement de délocaliser ces matchs de gala au Stade de France. Le Racing, veut une Arena polyvalente, avec toit rétractable pour le tennis, les concerts, le basket ou le handball, sur le département des Hauts-de-Seine, elle pourrait accueillir 35 000 personnes environ pour les matchs du Racing. La FFR souhaiterait disposer d’une cathédrale afin de ne plus avoir à traiter avec le consortium du Stade de France et de sa clause abusive.  Il s’agirait, on imagine d’un stade bien plus grand (environ 80 000 places) et qui pourrait être situé sur le département de l’Essonne qui entretient des relations privilégié avec la FFR depuis la construction du centre de Marcoussis. Mais les nouvelles arènes polyvalentes modulables pourraient convenir au trois.

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Le futur vélodrome de Marseille, devrait toujours servir pour les matchs du XV de France

Le cas bordelais

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Alain Juppé va devoir rehausser ses manches pour obtenir son grand stade

La capitale girondine disposait depuis des années du magnifique stade Chaban-Delmas, une œuvre Art-Déco, construit pour la Coupe du Monde de football 1938, il est le premier stade être complètement couvert par un toit qui est suspendu sans l’aide de piliers. Seulement voilà, le Stade, qui accueillit des matchs des Coupes du Monde de football 1938 et 1998, de rugby 1999 et 2007, la finale de Heineken Cup 1997 est aujourd’hui vieux de 72 ans. Son statut de monument inscrit au Patrimoine du XXème siècle empêche une rénovation en profondeur, et son entretien est devenu un gouffre pour la Municipalité. Le club de foot pensionnaire, les Girondins de Bordeaux –créé d’ailleurs afin que l’enceinte bordelaise puisse disposer d’une équipe- est devenu le meilleur club de France. Afin de redevenir compétitif au plus haut niveau européen, le club souhaite disposer d’un outil très haut de gamme de 45 000 places dans le quartier du Lac. Par ailleurs, la Ligne Nationale de Rugby a indiqué que le stade Chaban-Delmas ne répondait plus à ses exigences et qu’il ne serait plus possible d’y organiser les demi-finales du Top 14 Orange comme s’était souvent le cas. Là aussi, l’Euro 2016 viendrait à point nommé. La construction d’un tel stade viendrait dans la continuité d’un vaste et ambitieux programme de réaménagement de la ville, entrepris par le maire Alain Juppé depuis une dizaine d’années, qui a vu la rénovation complète du Port de la Lune nouvellement inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, la dotation pour l’agglomération de lignes de tramways ultramodernes, la création d’un quartier d’affaires, Bordeaux-Euratlantique dont le centre sera la gare reliée par TGV à Paris et Madrid. Ce quartier, disposera d’ailleurs de sa nouvelle Arena Montecristo, qui sera l’une des plus grandes salles polyvalentes de France. Seulement, avec tous ses projets pharaoniques certains ont de plus en plus de mal à mettre la main à la poche : Pourtant le budget est « presque » bouclé, l’état apporterait 20 millions d’euros, M6, actionnaire majoritaire du club marine-et-blanc mettrait 100 millions sur la table, la municipalité de Bordeaux, la Communauté urbaine, et la région 15 millions chacune, le naming devrait pouvoir apporter 10 millions, il manquerait encore 10 ou 15 millions que le Conseil Général de la Gironde, majoritairement socialiste, refuse de combler. Inutile de dire que l’Euro 2016, attirerait des millions de touristes, qui consommeraient, rempliraient nos hôtels, nos restaurants, nos bars, laisseraient des pourboires et qui seraient susceptibles de revenir en France pour peu, qu’on se soit montrés à la hauteur. Un grand stade pour la Gironde permettrait au département de retrouver les équipes de France de football et de rugby qui boudent la région depuis des décennies, d’avoir une salle de concert pouvant accueillir les U2, Madonna et autres Johny Hallyday. Alors qu’il faut s’imaginer ce que sera la France de l’après-crise, certains élus refusent de voir plus loin que les Régionales de 2010 et craignent la réussite de leurs opposants. Quant au rugby, Alain Juppé aimerait que l’Union Bordeaux-Bègles, capable de mobiliser 20 000 spectateurs pour un match de ProD2, récupère le stade Chaban-Delmas. Ce n’est évidemment pas du goût du maire de Bègles, vert, Noël Mamère qui aimerait voir l’UBB rester sur sa municipalité et envisage une rénovation du stade André Moga, en le dotant d’une capacité 15 000 places.

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Une demi-finale de Top 14 sur la Côte d'Azur, ça vous dit ?

Le cas lyonnais

Du côté lyonnais, là aussi le projet de construction d’un grand stade, qui porte le nom provisoire d’OL Land, n’est pas un long fleuve tranquille. Ici, les opposants au stade appartiennent à des milieux très variés : on y retrouve des élus de l’UMP, des socialistes, naturellement des Verts (opposés pour des raisons idéologiques à tous les projets), mais aussi quelques supporters de l’Olympique Lyonnais, nostalgiques du foot « à la papa » et préférant l’actuel stade Gerland.  D’une manière général, ici, c’est plus l’emplacement du Stade à Décines, loin du cœur historique de Lyon qui fait l’objet d’une contestation que le grand stade, lui-même. En effet, les transports en commun ne desservent absolument pas cet endroit. Ainsi, le contribuable lyonnais devra payer de sa poche un projet porté par un club de football professionnel côté en bourse. Le problème du foot et aussi celui du rugby. Car Lyon, compte l’un des tous meilleurs clubs de seconde division, susceptible à un moment où l’autre de monter en Top 14 Orange, le LOU. Comme cela a déjà été dit sur ce blogue, on sait que le millionnaire Jean-Michel Aulas, PD-G de l’OL garde un œil attentif sur la progression des rugbymen et espère recycler le Stade Gerland en stade dédié à l’ovale. En effet, si le LOU venait à monter en Top 14 Orange en fin de saison, Lyon, la deuxième agglomération française, ne dispose pas de stade pouvant accueillir des matchs d’élite. La solution pour les rugbymen lyonnais passerait probablement par une équipe « SDF », qui jouerait ses gros matchs à Gerland, et jonglerait entre le stade des Alpes de Grenoble, Bourgoin-Jallieu et au stade de La Duchère pour les autres matchs en attendant de disposer d’un stade. Quant à l’OL Land, on peut imaginer qu’il pourrait être loué à la FFR ou à la ligue pour recevoir des matchs du XV  de France et des demi-finales du Top 14. Ce qui serait un argument de plus dans la valise de monsieur Aulas et de ses partisans.

Conclusion

Au Stade de la Controverse

Le très controversé OL Land

Les stades sont devenus, qu’on le veuille ou non, le reflet du dynamisme d’une ville. Certains auraient sans doute préféré, à tort ou à raison, que ce soit les musées plus que les stades qui servent d’indicateur. Mais le sport étant à la masse ce que la culture est à l’élite, il n’en est pas ainsi. Les villes françaises ont donc pris un retard significatif. La grandeur de notre pays vient aussi de l’audace de nos ancêtres en matière d’architecture. Le monument qui représente la France partout dans le monde était lui aussi à son époque l’objet d’une très grande controverse. Aux yeux de certains l’expo universelle de Paris ne valait pas plus que ce que peut valoir aujourd’hui l’Euro2016 pour d’autres. C’est grâce à la ténacité de certains que la France a pu impressionner le monde grâce à son audace, à son dynamisme. Il y a toujours mille (bonnes) raisons pour ne pas faire, pour rester sur place, pour ne pas avancer. Mais si la France est le pays des milles-châteaux, des milles cathédrales, c’est parce que certains ont écouté leur rêve, plus que ces milles raisons.  Les villes françaises ont besoin de retrouver leur prestige, leur compétitivité sur le plan européen. Gageons que la France puisse un jour devenir aussi le pays des milles stades !


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