Tout commence, semble-t-il, par un billet de Maître Eolas qui s'exprime ainsi.
“Il faut donc décider d’un moyen typographique de distinguer le nouveau nom de famille cumulé, intransmissible d’un bloc”, affirme notre patajuriste. Et puisque l’espace est prise, puisque le tiret est pris, la logique est donc de prendre… deux tirets.
Ainsi, Sganarelle s’appellera Sganarelle Pater—Mater.
Maître Eolas est fort compétent en droit et croit-il en typographie : il sait par exemple que le mot espace est féminin en typographie, il ne se prive pas de le faire remarquer aux ignorants qui ne l'aurait jamais remarqué. Le problème, c'est qu'il utilise un tiret cadratin à la place du double trait d'union et qu'il nomme ce signe comme un tiret (ce qu'il est par la force des choses, mais il n'est alors pas double).
Cela continue avec Pascale Robert-Diard dans un article du Monde et non sur son blogue.
Le double tiret est mort. La nouvelle de ce décès devrait être annoncée officiellement dans une circulaire de la chancellerie "dans les jours qui viennent", selon le porte-parole du ministère de la justice, Guillaume Didier.
Mais heureusement pour elle, elle ne donne pas d'exemples avec un tiret cadratin à la place du double trait d'union, comme Maître Eolas. Cela se poursuit dans Libération, par l'AFP et on a enfin l'explication du mystère.
"La solution du double tiret a été invalidée par le Conseil d'État et elle était parfois assez mal vécue par les familles", a indiqué le porte-parole du ministère de la Justice, Guillaume Didier, confirmant une information du journal Le Monde.
Le ministère de la Justice n'est pas capable de distinguer trait d'union et tiret cadratin ou semi-cadratin ! Il emploie un mot pour l'autre, comme l'immense majorité des Français et c'est repris tel quel d'abord. Pourtant, il y a une différence visuelle assez évidente entre Sganarelle Pater—Mater et Sganarelle Pater--Mater. Fort étrangement, ce sont les journalistes de l'AFP qui ont rectifié l'erreur de langage et surtout l'erreur typographique de Maître Eolas : il s'y connaissent mieux qu'en droit. Cependant, on peut douter des spécialistes du droit quand ils utilisent des mots approximatifs à la place des mots exacts et surtout des signes incorrects à la place des signes justes. Cela relativise grandement les jugements au sujet de la patajustice qui s'appuient sur la connaissance du genre du mot espace.