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Les profs ont la parole (4)

Publié le 05 janvier 2010 par Soseducation

Je suis enseignante dans le même petit village du sud de l’Essonne depuis onze ans. Depuis deux ans, je suis harcelée par la seule association de parents qui reste. J’ai été mise par terre par un parent de cette association, puis plusieurs réunions contre moi dans le village ont eu lieu. Des lettres de quelques parents ont été compilées soi-disant de témoignages de maltraitance de ma part sur les élèves de ma classe depuis neuf ans.

Mon directeur et mon inspecteur m’ont soutenue coûte que coûte. Malgré un an de harcèlement, on nous a expliqué que cela n’était pas recevable en justice. « Il n’y a eu ni coup de couteau, ni coup de revolver », nous ont-ils dit ! Mon inspecteur a insisté auprès de l’inspectrice d’académie qui a envoyé le dossier en justice. Bien sûr, trop tard, puisqu’il y a un délai. Cela a tellement traîné qu’ensuite, le juge nous a écrit en indiquant que l’affaire n’était pas recevable car étudiée trop tardivement.

Voilà que, pas plus tard que le mois dernier, la même association est repartie à l’attaque contre moi. Mon inspecteur, aidé de mon directeur, a reçu la présidente en lui signifiant que ses propos n’étaient aucunement justifiés et que cela ressemblait à du harcèlement.

Que faire ? Ces gens-là ne veulent pas reconnaître leurs erreurs et continuent. Je ne souhaite pas changer d’école. Je ne vois pas pourquoi je devrai être celle qui s’en va. Mais c’est extrêmement dur à vivre. Depuis que j’ai divorcé, mon fils (avant très bon élève) a redoublé sa Première S. A l’époque, j’ai eu un zona ophtalmique et ai perdu pendant 15 jours l’audition. Les médecins disaient que c’était du stress. Maintenant, c’est toute l’école qui semble visée ; déjections canines quotidiennes depuis avril devant l’école, affiche sur la porte de l’école « École de merde, n’y allez pas », ballon de baudruche rempli d’huile de vidange jeté dans la cour de l’école…

Notre équipe se disloque car la tension est grande. D’ailleurs, il y a deux ans, les deux collègues de la maternelle (de l’autre côté de la rue) avec qui nous faisons des fêtes depuis toujours, ont fait l’autruche et ne m’ont pas du tout soutenue. Mes propres collègues ont suivi le directeur, un peu poussées à la roue, mais elles ont suivi de très loin. Si je n’avais pas eu le directeur et l’inspecteur à mes côtés, je ne serai plus là pour vous écrire en ce moment. J’ai actuellement des troubles du sommeil depuis plus d’un an et un lumbago (ou quelque chose de ressemblant) depuis fin septembre. Tout cela parce que je fais un des plus beaux métiers, que dis-je, un sacerdoce ! Je le fais très consciencieusement et suis d’ailleurs très bien notée.

Jusqu’où cela va-t-il aller? Quand cela va-t-il finir, que nous puissions travailler sereinement ?

Sylvie Robin


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