Ma femme est enseignante (en mathématiques, au collège) et il n’est pas toujours facile de la rassurer par rapport au malaise général qu’elle et l’ensemble de ses collègues éprouvent depuis quelques années à la rentrée scolaire. La pire d’entre elles est certainement la dernière (septembre 2009, sa 17e rentrée). C’est à partir de janvier 2009 que j’ai vu son comportement changer et son état de santé se dégrader considérablement : migraines, malaises, perte d’appétit, contractures musculaires et un état psychologique au bord de la dépression. Pensant que la coupure des grandes vacances d’été pouvait l’aider à remonter la pente, je l’ai vue au contraire s’enfoncer de plus en plus ; allant jusqu’à me demander d’annuler notre départ pour la montagne. Je ne compte plus les jours de migraines, de larmes et de désespoir sur cette période. À la rentrée, elle ne voulait plus retourner au collège et projetait de faire assistante maternelle.
Les raisons de cette souffrance : l’abandon de sa hiérarchie par rapport aux multiples incidents (insultes, dégradations volontaires, photos-montage à caractère pornographique diffusés sur des blogs et menaces physiques envers certains de ses collègues) survenus au cours de l’année scolaire 2008-2009 dans son collège. Ajoutez à cela le manque de moyens (assistante sociale, psychologue…) face à des élèves en très grande difficulté, voire en situation de handicap lié à des troubles psychologiques et un retard intellectuel important. Malgré les plaintes et revendications de l’équipe enseignante, rien n’est transmis à l’académie et au rectorat.
Pourquoi ?
Tout simplement parce que les principaux ont pour consigne de se taire. Il n’est pas question d’alerter les pouvoirs publics sur ce malaise grandissant, lié en grande partie à la baisse des effectifs enseignant et encadrant (3 surveillants pour 680 élèves) et une moyenne de 27 à 30 élèves par classe depuis 2002.
Les principaux d’établissements scolaires sont « muselés » par leur notation et soumis à des pressions pour donner l’impression que tout va bien au risque de tourner le dos à leurs collègues professeurs.
Aujourd’hui, elle va beaucoup mieux ; nous avons réussi ensemble à peser le pour et le contre. Je lui ai souvent dit qu’elle était une excellente enseignante. C’est une personne très consciencieuse qui aime son métier et passe beaucoup de temps à son bureau (à la maison) en combinant sa vie professionnelle et familiale (mère de deux jeunes enfants).
Je l’aide du mieux que je peux à tout niveau (professionnel, domestique et sur le plan moral), mais je lui avoue parfois qu’elle n’a pas la tâche facile par rapport au peu de soutien et au dénigrement qu’ils subissent.
Pour tous les enseignants, je lance donc un appel de solidarité et je garde espoir que les choses changent rapidement. L’éducation de nos enfants est en péril, alors réagissez pour que les comportements changent.
N.M., mari d’une enseignante