Entretien avec le Vaudois Hugo Delafontaine , champion du monde de scrabble

Publié le 08 janvier 2010 par Librarian66

SCRABBLE – A 20 ans, le Vaudois Hugo Delafontaine a été sacré champion du monde de scrabble. Un exploit qui s’est joué en un coup.

Par LAURENCE ARTHUR

Hugo Delafontaine, ce jeune habitant d’Echichens, a obtenu le titre de champion du monde de scrabble en Belgique le 24 juillet. De retour dans son village, il raconte son aventure aux côtés de son frère, vice-champion suisse.

Quel mot a été la clé de votre victoire? Et dans quel contexte?

– On ne peut pas toujours dire que le dernier coup est celui qui permet de gagner, mais cette fois, cela a été le cas. J’avais trois points de retard sur Antonin Michel, champion du monde 2005 et 2007, et tout était possible (ndlr: la compétition se joue sur sept parties et 150 coups en moyenne. Les lettres sont les mêmes pour les 270 meilleurs compétiteurs du monde, qui se sont affrontés du 18 au 24 juillet). J’ai placé les sept lettres: a; m; b; r; e; n; t; pour former «marbrent» en utilisant un r sur la grille comme lettre d’appui. Antonin Michel n’a pas vu ce scrabble (les sept lettres placées), car il était difficile d’y croire dans le peu d’espace disponible. Il a placé un plus court «ambrent», avec le même r d’appui, donc sans utiliser ses sept lettres. Il a perdu 56 points d’un coup.

Faut-il apprendre le Larousse par cœur pour devenir un champion?

– Notre référence est l’Officiel du scrabble (ODS). Mais non. Certes, il faut connaître certains «classiques». Il y a par exemple l’utile «ka», dont la définition est: «particule élémentaire dont la masse équivaut à 970 fois celle de l’électron». Mais l’essentiel dans ce jeu est de trouver les meilleures solutions, les meilleurs emplacements en fonction des points et de calculer mentalement vite.

Le Scrabble est-il assimilable aux échecs en ce qui concerne les capacités de concentration et de stratégie?

– Non, ce n’est pas comparable aux échecs. Certes, cela se joue avec sang-froid, mais tous les concurrents ont les mêmes lettres en main. Ainsi, la partie n’est pas influencée par le jeu de l’autre ni d’ailleurs par le hasard. Les meilleurs sont les matheux, les informaticiens. L’esprit doit être structuré. Le plus important, c’est la grille. On recherche l’efficacité. Par exemple, un mot comme «huez» permet de faire des points en début de partie et impressionne le novice, mais au niveau de la compétition, personne ne le rate. La difficulté se cache ailleurs. Cela se joue à pas grand-chose.

Vous êtes actuellement en fin de première année en Hautes Etudes commerciales. Vous êtes un matheux?

– Oui, j’ai suivi maths et physique. Mon frère Benoît, lui, est une exception, puisqu’il est littéraire.

Jouez-vous contre votre frère Benoît, vice-champion suisse?


– Oui. Enfin, nous sommes plutôt les deux devant l’ordinateur pour chercher ensemble la meilleure réponse à un problème donné.

Peut-on vivre de la pratique du scrabble à haut niveau? Avez-vous gagné de l’argent?

– Non. J’ai gagné des coupes uniquement. A titre de champion du monde, je participerai aux rencontres durant l’année, invité par les organisateurs. Seul le vainqueur des cinq tournois du Grand Chelem du scrabble gagne 900 euros (1350 francs Suisses).

Alors quelle est votre motivation?

– J’aime l’ambiance de ce milieu, j’y ai beaucoup d’amis. Je participe à des championnats depuis l’âge de 10-11 ans!