L’actualité fait souvent bien les choses, au moment où LIBR’ACTEURS intensifie sa croisade pour la fin du cumul des mandats, les différents partis gesticulent pour faire croire qu’ils lavent tous plus blanc que blanc. L’actualité littéraire s’y met avec la réédition saluée ici ou là, de « CONSIDERATIONS SUR LE GOUVERNEMENT REPRESENTATIF » de J.S.MILL. (Ed Gallimard).
Ouvrage de référence pour les spécialistes et les étudiants en droit ou sciences politiques, l’approche de ce philosophe est peu connue du grand public, et c’est dommage.
MILL démontre que le suffrage majoritaire dénature la démocratie, en oubliant ceux qui ne votent pas ou votent blanc ou nul. En exacerbant le poids majoritaire, le scrutin incite aux combines, et basses manoeuvres, pour rester au pouvoir et conserver les mandats. Dans une France en perpétuelle campagne électorale, voilà des comportements qui font notre quotidien.
La démocratie est un bien précieux et fragile, où l’addition des bulletins de vote traduit des volontés collectives, plus ou moins fortes, mais toutes aussi respectables. En ce sens le scrutin proportionnel est une forme de réponse. Mais rejoignant BOUDON, et sa notion de « citoyen impartial », MILL préconise le vote public, qui responsabilise et demande un minimum de compréhension. Le meilleur gouvernement est celui qui suscite et valorise chez le citoyen, la réflexion, la lucidité et la pondération.
Pourquoi ne pas voter pour des candidats d’une autre région, ou pour plusieurs candidats, ainsi le florilège des sensibilités, et l’approche désintéressée trouveraient matière.
MILL avait une grande foi dans la démocratie, et dans la faculté des peuples à comprendre. Il appelait de ses vœux la participation du plus grand nombre à la vie politique, garante de renouvellement et de diversité des pensées et des mœurs.
Nous en sommes loin, et la lecture des projets et programmes des partis est à cet égard accablante.
Le lecteur comprendra pourquoi il faut continuer a exiger la fin du cumul des mandats, et une relecture démocratique et collective des modes de scrutins, des découpages electoraux, et des cursus, de nombreux responsables politiques, qui encombrent le paysage politique depuis trop longtemps.
Richard HASSELMANN