PARTITA
Velus pourpres tentaculaires
les drageons s'insinuent
dans les ombres bleues pâlement
c'est l'île aux tamarins l'île bocagère
au maillage hirsute et conjonctif
on s'y caresse et le dimanche
on s'astique pour au sanctuaire
manger Dieu
fade pastille azyme
la turbulence
lointaine et rochue tristement
des vents pétarade la lumière confuse roide
la hache bleue d'une éclaircie
taille vers le froid les lividités forestières
fourchues les nuagiers tumultes et les
charpies pansues du ciel
effervescent
c'est à la bonne heure
à la marée lasse
et pourtant mourir
ah! mourir! dit l'autre rien
ne m'est sûr que choses incertaines
l'enfournement au fulignineux puits
l'étrangleur entonnoir l'étroit retrait le goulet
le goulot goulu noir et le feint mot
de toutes histoires
ce n'est pas l'heure
encore
28 octobre 2009
SARABANDE
Tout graillu pillé rongé
tout au faubourg grumeleux
s'écaille et désquame tout sauvagement
dépote: mâchefers parpaings bronzes
et stucs verreries à litharges
squares écumeuxentrepôts réelsculs-
de-sac barbelés où la quincaillerie close
sent le soc et l'enclume
un phasme vient d'y tomber en poudre
tout c'est zédis zaques zupes
échangeurs à bretelles et péages
où ferraillants les poids-lourds
rétrogradent
et la route et la perte
ici surnaturelles
le désert sobre
l'emmêlement flexueux flexible d'une aulnaie
la grisaille écrémée des givres
guilloche un labour à niellures
le gel crispe et solidifie l'étang
encaustiqué laqué presque
verni que hante un nuage
aux allures de chaudron
ou de galoche rouge acajou
un corbeau trapu craille à la charogne
en fuite un loup pelé claque des dents
et seuls enfin fini de rire
sans drapeaux seuls dans l'arche
mais la porte en est grande ouverte
à la saison des embruns et des philtres
voraces dévorés l'homme et la femme
à faire alliance ils sont
la machine amoureuse fatale
ils s'échauffent s'enfourchent en long
en large en travers s'empoignent
se dénouent se consomment consument
fendent confondent fondent
se perforent s'explorent en gros
et en détail explosent explosent
et recommencent
jusqu'au dégel
jusqu'au bout des temps
7 novembre 2009
Henri Droguet, inédits