(verbatim)
Réaction de François Fillon à la mort de Philippe Séguin
http://www.blog-fillon.com/article-fran-ois-fillon-rend-hommage-a-philippe-seguin-42480260.html
À l'aube, j'ai appris avec une profonde tristesse le décès de Philippe Séguin. Cette disparition brutale est une déchirure avec des années de complicité politique, mais surtout personnelle.
Hier matin, il était ici même, et je voyais encore dans ses yeux cette ironie tendre, qu'il me réservait en me voyant assumer mes fonctions de Premier ministre, lui qui me regardait toujours
comme le jeune parlementaire qu'il avait choisi de prendre sous son aile.
Aujourd'hui je perds un ami, et la France perd l'un de ses plus grands serviteurs et l'une de ses plus belles voix politiques. Une voix tonitruante, profonde, toujours féconde, une voix aussi
parfois tourmentée.
Philippe Séguin avait la passion de la France, né dans le souvenir d'un père qui avait donné sa vie pour elle. Une passion dévorante, tenace, ombrageuse, qui le conduisit de son "non" au Traité
de Maastricht, à sa démission fracassante de la présidence du Rassemblement pour la République, à agir de façon frondeuse.
Philippe était fier et inclassable. Mais il était fidèle aux valeurs du gaullisme comme on est fidèle à une épopée qui exige de tout donner. Philippe Séguin fut, à Epinal, un maire exceptionnel,
lui qui était né dans la lumière de Tunis. L'ancien élève de l'Ecole normale d'instituteurs du Var fut à l'Assemblée nationale, un parlementaire dont l'éloquence imprégnera longtemps encore les
murs du Parlement. Il fut un grand ministre des Affaires sociales et de l'Emploi ; il restera comme l'un des présidents de l'Assemblée nationale parmi les plus brillants et les plus
respectés.
Par delà les partis et par delà les clivages politiques et idéologiques, l'aura et la culture de Philippe Séguin s'imposaient à tous. Son autorité et son rayonnement intellectuel ne laissaient
personne indifférent. Chacun pressentait que dans son patriotisme ombrageux, il y avait en quelque sorte une part de notre histoire nationale.
Après avoir tellement donné à la politique, il se voua totalement et avec la même intensité à la Cour des Comptes, qu'il présidait depuis 2004. Dans cette charge, il était encore et toujours
l'homme que l'on écoute. La République était le fil de la vie de Philippe Séguin. Ce matin, ce fil s'est rompu et je pense avec émotion à sa famille.