de Clint EastwoodLorsqu’il ne doit en rester qu’un, c’est souvent lui. Clint Eastwood. Ex-star télé. Ex-anti-héros de westerns. Ex-incarnation républicaine. Aujourd’hui qu’est-il donc devenu, ce symbole du cinéma américain ? Peut-être son plus grand orfèvre, s’il l’on en juge par la régularité avec laquelle le bonhomme délivre les œuvres majeures. A l’image de Gran Torino, un sommet d’humanité et de maîtrise cinématographique, qui parvient à nous surprendre lorsque tout semble joué d’avance. Un grand film en toute simplicité, qui semble marquer une apogée pour Eastwood. Une de plus finalement.
de David FincherLa poésie n’est pas morte sur grand écran. David Fincher nous l’a prouvé en tournant une courte nouvelle de F. Scott Fitzgerald en un long-métrage d’une beauté ensorcelante. Il ne s’agit pas là d’une beauté strictement formelle, mais bien une épopée complexe brassant comme thèmes majeurs notre rapport au temps et à la mort. La richesse narrative qui se dégage de cette fresque séculaire est écrasante, fascinante, bouleversante. Contrairement à Gran Torino, lui était nommé aux Oscars l’année dernière. Il aurait dû battre à plates coutures Slumdog Millionaire.
de Na Hong-JinUn proxénète qui ne se soucie guère que de son argent remue ciel et terre pour retrouver une de ses « filles » qui a disparu. Rarement premier film aura été aussi âpre et profondément défaitiste. Trop au goût de certains. Son énergie monstre m’a attrapé et englouti dans un déluge de rage, de courses, d’injustices et de mélancolie. The Chaser pulse à cent à l’heure, dans l’action, dans l’émotion, et dans la dénonciation d’une machine policière et juridique qui débloque. Avec l’aide d’un comédien époustouflant, Kim Yoon Seok.
de Jacques AudiardQui eût cru que le cinéma français avait ça au fond de lui ? Une claque magistrale, une claque carcérale, une claque sociétale. Un examen minutieux, réduit et pourtant épique de la vie en prison, du royaume qu’elle représente. Tout le monde l’a dit, pourtant il est impossible de ne pas le répéter : Un prophète est ce qui est arrivé de mieux au cinéma français depuis un bout de temps. S’il y a une chose dont on ne peut pas s’étonner, c’est que ce pas en avant soit du fait de Jacques Audiard, qui n’a pas l’âge d’Eastwood, mais qui lui aussi se bonifie avec le temps.
de Richard KellyAprès Donnie Darko, j’ai guetté toute goutte d’information, aussi infime soit-elle, renseignant sur les projets futurs de Richard Kelly. Je me souviens avoir attendu et attendu Southland Tales, sans jamais rien voir venir sinon un DVD, bien trop tard, il y a à peine quelques mois. Je me souviens avoir enragé lorsque Kelly a engagé Cameron Diaz et James Marsden pour les rôles principaux de The Box. Je me souviendrai surtout, désormais, être sorti de la projection du film avec la conviction d’avoir vu une œuvre ambitieuse et unique. Dont j’aurais bien du mal à me défaire.
de Xavier GianolliL’autre grand film français de l’année. Une œuvre spirale, un tourbillon qui nous entraîne dans l’escroquerie haletante d’un François Cluzet habité qui berne toute une ville. C’est le portrait d’une époque en crise, le portrait d’une souffrance collective soignée par des mots. Par une illusion. Si Un prophète confirme Audiard comme cinéaste majeur à mes yeux, A l’origine révèle Gianolli dans cette même posture (un cran en dessous tout de même), après une série de films sans grand intérêt. Un cinéaste est né avec ce film.
de JJ AbramsSi l’on m’avait dit, il y a un an, que le nouveau Star Trek finirait parmi mes dix films préférés de l’année, je ne l’aurais pas cru. Impossible. Pas un film de cette saga avec des hommes de l’espace en costumes kitsch et parlant un langage seulement compréhensible des initiés. Pourtant je dois bien l’admettre, aucune aventure n’a été plus palpitante en 2009 que l’histoire de l’Enterprise et de son équipage. Le créateur de "Lost" a redoré le blason de la SF spatiale, qui était bien pâle depuis quelque temps. Et l’idée qu’une suite sera un de ces jours en préparation me fait déjà trépigner d’impatience.
de Brillante MendozaL’ascension du cinéaste philippin Brillante Mendoza sur la carte mondiale de la cinématographie est fulgurante. Tout le monde ne l’admire certainement pas, tant ses films peuvent se montrer noirs et durs comme la pierre, à l’image de Kinatay, mais qu’il est stimulant de découvrir, de film en film, un cinéaste qui manie sa caméra avec brio et pousse le spectateur dans ses retranchement par les sujets qu’il touche. « Thought provoking », diraient nos voisins anglo-saxons. Kinatay est une œuvre qui hante longtemps celui qui ose poser les yeux dessus de bout en bout. Kinatay me hante encore.
de Pete Docter et Bob PetersonQuelle est leur recette ? Où puisent-t-ils les idées qui parcourent leurs films ? Les autres studios produisant des films d’animation doivent en faire des cauchemars la nuit. Car la maîtrise de Pixar sur l’animation 3D est totale, et chaque long-métrage apporte une pierre de plus à l’édifice admirable du studio, enchaînant les morceaux de bravoure grâce à des histoires au sens du récit et des personnages aiguisés à l’extrême. Les vingt premières minutes de Là-haut constitue l’un des plus beaux moments de cinéma de 2009. Sa plus belle histoire d’amour.
de David KoeppVoilà peut-être le film dont la présence dans ce Top 10 est la plus étonnante de l’ensemble. Déjà parce que nous ne sommes qu’une poignée à avoir eu la chance de le voir en salles en France. Ensuite parce qu’il s’agit… d’une petite comédie new-yorkaise aux accents fantastiques. Petite peut-être, mais habité par une classe folle, par un amour de l’âge d’or hollywoodien, des comédies de Frank Capra et consort, qui fait que le charme est total. Quelle légèreté, quel swing, quel humour ! C’est parfois dans les films les plus inattendus (l’histoire d’un dentiste associable qui voit et peut communiquer avec les morts !) que l’on trouve les perles les plus inattendues.
de Terry GilliamTerry Gilliam s’était un peu perdu en chemin, mais le voilà de retour au meilleur de sa forme, dans un labyrinthe foisonnant et fascinant dont les méandres ensorcellent. Il y a malheureusement perdu Heath Ledger, mais cette perte a nourri le film, et l’a transformé en une chimère imprévisible, riche de plusieurs niveaux de lecture, et d’un univers merveilleux prouvant que malgré les épreuves successives traversées par Gilliam, l’ancien Monty Python est encore un conteur hors pair. Son meilleur film depuis L’Armée des douze singes, il y a bientôt quinze ans.
de Sam RaimiVoilà un autre retour en force qui fait plaisir. Sam Raimi a fait un travail remarquable avec les deux premiers Spiderman (ne parlons pas du troisième en revanche…), mais le voir se cantonner à être le réalisateur attitré des films de l’homme araignée était une frustration immense pour les amateurs de son œuvre globale. Son retour à une bonne petite série B horrifique est une jubilation totale. Son Jusqu’en enfer est un film qui fout la frousse à l’ancienne, ne s’empêchant pas au passage de déclencher de bons éclats de rire et de pointer du doigt quelques travers de la société. Un vrai moment de plaisir.
de Neil BlomkampPendant longtemps, je n’ai pas su ce qu’était ce District 9. Jusqu’à ce qu’un jour je tombe sur une bande-annonce sur Internet, et que le buzz commence à enfler. Une invasion extraterrestre dans laquelle les persécutés sont les envahisseurs ? Dans les faubourgs de Johannesburg ? Filmé comme un documentaire ? Produit par Peter Jackson ? Eh bien oui, District 9 c’est cela, aussi improbable un tel mix puisse-t-il sembler. Un film engagé qui choisit une forme incongrue de film de genre pour parler de l’Afrique du Sud bien sûr, mais surtout de la ségrégation quelle qu’elle soit. Et ça détonne.
de Riad SattoufVoilà un autre film qui détonne, une comédie cette fois. Comme Un Prophète, Les Beaux Gosses ne ressemble à rien de ce qui s’était déjà fait dans le cinéma français ces dernières années. Un portrait de la jeunesse assez barré, voire totalement déluré, qui a su trouver un ton impeccablement contemporain sans pour autant se la jouer. Les personnages, les dialogues, les costumes, tout a été parfaitement pensé et créé dans ce premier film qui m’a offert quelques uns des plus mémorables pouffements de rire de l’année. J’en ricane encore sept mois plus tard.
de Kathryn BigelowCeux qui croient que les poussées d’adrénaline sont rares au cinéma devraient voir cette petite bombe réalisée par l’une des rares représentantes de la gente féminine d’Hollywood osant s’attaquer à des « films d’hommes ». Bigelow a choisi l’Iraq et une escouade de démineurs américains pour concocter une course contre la mort des plus haletantes. Dans l’économie de mots, elle trouve un moyen de s’exprimer étonnant sur l’engagement en Iraq, et plus généralement sur l’effet de la guerre sur l’homme. Une plongée saisissante en enfer.