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Réf DT 17: J’ai essayé le communalisme

Publié le 10 novembre 2009 par 1132nd

Making sense of Mauritius

Et si le communalisme était un outil pour comprendre le multi-culturalisme?

L‘origine du communalisme est floue: tous refusent sa paternité. Mais chacun y va de sa version. D’après ce que j’ai pu apprendre de mon entourage, le communalisme est né à l’époque des élections qui allaient décider si Maurice deviendrait indépendante ou pas. Le Parti Travailliste avait alors conclu un accord avec son allié, le Comité d’Action Musulman, laissant à ce dernier l’exclusivité de présenter des candidats musulmans. Cet épisode allait marquer la polarisation sectaire de la politique à Maurice. La suite des évènements, on l’impute à un certain Paul Bérenger du Mouvement Militant Mauricien. Selon certains, il aurait poussé l’expérience plus loin, en pratiquant le « communalisme scientifique » qui perdure jusqu’à nos jours.

Oublions pendant un instant la responsabilité de chacun. Oublions aussi l’aspect de division qu’amène cette réflexion préconisant la conception des communautés ethniques comme des groupes d’appartenance homogènes. De toute façon, Maurice pratique une politique de multi-culturalisme, ou la reconnaissance de ces groupes ethniques en entités constitutionnelles. Et si le communalisme n’était finalement qu’un outil sociologique, au même titre que d’autres paradigmes, pour comprendre les mécanisme la société mauricienne? Politiquement incorrect? Peut-être. Mais je vais m’y aventurer.

Je vais prendre un exemple endémique à ce blog. Au hasard, un commentaire qui a atterri ici hier matin. D’un certain « Affliction ».

Je vous trouve bien magnanime, mon petit, trop, en vérité, pour être honnête. Je conseillerais à Monsieur 1132nd… d’écrire également en anglais, voire en swahili ou en quechua. Il serait assurément plus crédible. Son français est tout bonnement affligeant (fautes de ponctuation, fautes d’orthographe, fautes de grammaire, fautes de syntaxe, fautes de style…) Je serais curieux de savoir dans quel canard il sévit.

Vous étiez nombreux à m’avoir demandé « Ki so problem? ». Essayons la logique psychosociologique pour le « juger scientifiquement ». Si je pars de l’école positiviste/structuro-fonctionnaliste, je dirai que cet individu est, authentiquement, un puriste de la langue française. Du domaine de l’enseignement peut-être. Ou de la presse. Ce fan de l’académie française voit, peut-être, d’un mauvais oeil mon utilisation baroque de l’agencement des mots pour m’expliquer. Si c’est le cas, c’est lui l’expert, c’est son droit.

L’école marxiste permet une toute autre explication à ce commentaire. Partant de la logique « capitaliste v/s prolétariat », ma récente sortie contre les pseudo-intellectuels ne m’a pas valu que des amis. Il se peut qu’un proche de ceux-là, « capitaliste » lui-même, voit d’un mauvais œil le semblant d’indépendance à laquelle aspire un « prolétaire » – c’est-à-dire moi – à travers ce blog. Un employé ne devient pas autonome du jour au lendemain. Un peu tordu, certes, mais c’est aussi son droit de penser ainsi.

Place maintenant à la lecture communale, aussi dangereuse qu’elle soit. Les conseils de délaisser le français pour l’anglais – ou une autre langue exotique – dans le contexte communale, renvoient immédiatement à un cliché datant de la période pré-indépendance: la langue et la culture française est une chasse gardée de la communauté euro-créole, les hindous n’ont qu’à se contenter de l’anglais.

Vouloir me chasser de la langue française implique immédiatement que M. Affliction est d’origine euro-créole et, poursuivant cette logique, me place dans la case « hindou ». Cette lecture s’avère être d’autant plus dangereuse, car elle implique que M. Affliction serait animé par une certaine frustration anachronique: celle qui vu la plus grande vague d’émigration de Mauriciens vers d’autres cieux juste après les élections de 1967.

Trois écoles de pensée, trois explications différentes. Je ne sais pas si M. Affliction me fera l’honneur de dire laquelle de ces explications est la bonne, mais j’espère sincèrement m’être trompé dans mon analyse en utilisant le communalisme ainsi. Autrement, cela voudrait dire que certains sont toujours animés de ces frustrations anachroniques 40 ans après. Cela voudrait aussi dire que je donnerai raison aux politiques qui nous parlent sans cesse de « réalités du pays ».

Utiliser ainsi le communalisme peut parfois apporter de nouveaux éléments de réponses. Faut-il encore qu’on soit préparé à accepter ces réponses. J’ai voulu oser. Quitte à ce qu’on me lance « c’est celui qui le dit qui l’est ».

Edit: Cet article a été tronqué. Certaines personnes m’ont dit que trop de justifications théoriques le rendait indigeste.


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