Quand les riches veulent se donner bonne conscience (image volée à Pov)
Ce matin, en discutant sur la présence du Premier ministre à une fonction de la Voice of Hindu pendant la conférence de rédaction, nous débattions sur la définition d’un groupe sectaire. Un collègue s’est alors exprimé en disant qu’un groupe sectaire est une association qui œuvre/milite dans l’intérêt d’un groupe uniquement. Par opposition à d’autres associations dont les activités s’inscrivent dans une logique d’intérêt national. Comme des clubs de service : Rotary Club, Lions Club et autres. Cette comparaison m’a agacé. Je n’ai jamais caché mes sentiments à l’égard de ces clubs de service. Pour moi, ces clubs ne font pas de l’activisme, mais du « slacktivism »*.
Pourtant, les causes et doctrines ne manquent pas de nos jours. De la protection de l’habitat endémique de l’île aux Aigrettes, le débat autour l’incinérateur Gamma-Covanta, la protection de nos plages face à l’érosion et à la montée des eaux, aux combats plus réels des associations œuvrant dans la réintégration sociale d’anciens détenus, toxicomanes ou prostituées, une personne frappée d’une volonté authentique de donner un sens à sa vie en s’impliquant et s’engageant dans une action sociale aurait l’embarras du choix. Pourtant, ces causes n’intéressent pas ces messieurs et mesdames des clubs de service.
Une petite visite dans leurs embassades soutient ce que j’avance : le rêve d’un jour d’un gamin dont on ignore tout depuis, un repas et un sourire éphémère d’un autre. C’est déjà ça, me direz-vous. Etant un puriste, j’aime les choses bien faites. Et en faisant un petit peu chacun, on finit par ne faire… qu’un petit peu chacun. Les activistes authentiques croient fermement qu’un changement et possible dans leur domaine. Ils font tout pour que cela se réalise. Ces véritables activistes placent le combat au-dessus des hommes et non l’inverse.
J’ai plusieurs amis dans les clubs de service à Maurice et j’ai toujours refusé leur proposition d’intégrer ces groupes. En refusant je me suis toujours demandé : qu’est-ce qui motiverait une personne de mon âge à intégrer le Rotaract Club par exemple ? Outre le fait de participer à des activités de « jeunes professionnels » qui impliquent boissons et autres catalystes de « socialisation ». Outre le fait de se créer des contacts qui tombent à pic lorsqu’on démarre dans la vie professionnelle.
La définition de « slacktivism » m’apporte une grille de nouvelles réponses: pour se donner bonne conscience, pour rajouter des dimensions par rapport à sa définition de soi, pour se donner l’illusion de participer à un quelconque changement dans son environnement. Et en ce faisant, la personne n’est point différente d’une autre qui signe des pétitions sur Internet, qui porte des bracelets avec des messages politiques, qui rejoint un groupe Facebook d’une fille décédée dans un accident de voiture, qui modifie son avatar personnel sur des réseaux sociaux.
Au lieu de vraiment prendre position, ces simples actions du confort de chez soi se veulent l’équivalent d’un engagement. En d’autre mots, un activisme qui ne participe à aucun changement au final, qui ne sert à rien. D’où ma conclusion: les clubs de service n’oeuvrent pas dans l’intérêt du pays ou de la communauté. Ce n’est qu’une vulgaire pâle copie d’activisme, idéale pour une génération docile et paresseuse.
* “Slacktivism” is an apt term to describe feel-good online activism that has zero political or social impact. It gives those who participate in “slacktivist” campaigns an illusion of having a meaningful impact on the world without demanding anything more than joining a Facebook group. Remember that online petition that you signed and forwarded to your entire contacts list? That was probably an act of slacktivism.
The brave new world of slacktivism – Evgeny Morozov